Dans votre monde, tout n'est que légende. Seuls les enfants y croient et vous souriez en les croyant innocents et niais. Vous êtes persuadés que les seules choses qui existent réellement sont celles qui font partie de votre vie. Pourtant, vous êtes justement les plus simples d'esprit. Vous, les gens de ce monde sans magie, êtes trop ignorants et trop imbus de vous mêmes. On peut vous prouver par A+B que quelques choses existe, si vous avez passé votre vie à vous dire que ça n'existait pas, vous resterez campés sur vos positions. Par exemple, pour vous, le Père-Noël n'existe pas n'est-ce pas ? Et bien vous avez tord. Mais comme je viens de le dire, ça ne sert à rien de vous le prouver. Peu importe, restez dans votre ignorance, c'est mieux pour tout le monde. Tout cela pour vous dire que si vous, vous préférez croire que tout ça n'est que de l'écriture dans un livre, chez moi tout ça est bien réel...
Aussi loin que remonte mes souvenirs, j'ai toujours eu mon chien, Zéro. Un adorable compagnon qui ne m'a jamais quitté, qui ne m'a jamais jugé et qui a toujours su apprécier ma compagnie. J'ai été heureux ainsi pendant de nombreuses années. Il faut dire que dans mon village, j'étais acclamé, presque adulé. Oui j'aime parler de moi. Et alors ? J'étais au centre de l'attention parce que je le méritais. Mon travail était exceptionnel. Mais ça, vous ne pouvez pas le comprendre, parce que pour vous, tout cela n'est que légende. Moi, j'étais le roi de Halloween...
Cette fête était toute notre vie, à nous, les habitants de Halloween-Town. Nous passions notre année à la préparer et nous nous satisfaisions complètement de ça. C'était une telle effervescence dans la ville ! Tout ce que vous croyez avoir été inventé pour effrayer, nous nous le vivions, le fabriquions, nous l'étions ! Si je vous emmenais dans mon monde, vous seriez tellement pétrifiez d'horreur que vous en mourriez. Parce que pour vous, tout ce qui est là bas n'existe pas. Mais pour moi c'était le Paradis. Je me suis longtemps satisfait de ma vie, parce qu'elle était parfaite. Mais ensuite, tout a basculé. Et d'abord pour le mieux.
Elle est arrivée dans ma vie. Je ne la remarquais pas plus que ça, parce que je n'ouvrais pas les yeux. Mais les circonstances de cette période nous ont fait nous rapprocher. Je vais vous raconter tout cela, patience. Mais avant ça, laissez moi vous parler d'Elle. Bien plus qu'une simple fille amoureuse de moi, bien plus qu'une héroïne dans cette histoire, elle était mon ange gardien et la seule personne qui m'ait vraiment compris. Sally... Ma Sally...
C'était la période de Halloween. Comme chaque année, tout était réussis, la fête était à son comble. Pourtant quelque chose clochait. Je ne me sentait pas dans mon assiette. Difficile à expliquer, je marchais des heures durant sans savoir pourquoi, à réfléchir et chercher en moi-même qui j'étais réellement. C'est comme si vous vous leviez un matin, comme tous les autres, et qu'au moment d'appuyer sur la machine à café pour l'allumer, comme vous le faites 365 jours pas an, vous vous reteniez et vous vous demandiez pourquoi vous faisiez ça. Pourquoi cette vie ? Pourquoi ici, maintenant ? J'avais envie de tout changer. Mon métier me plaisait mais dans le fond, je passais ma vie à effrayer les gens... Et en marchant, une fois de plus, dans la forêt, je me suis penché sur un drôle d'arbre.
Voyez-vous, depuis que je suis ici, dans votre monde, j'entends parler de failles entre les mondes, de haricots magiques, de malédictions, et bien d'autres choses. Les personnes qui vivent ici cherchent des solutions à tout ça. Pitoyable. Chez moi, en tout cas de là où je viens, il y a juste des portes. Une porte mène à un monde. Comme dans une rue pleine de maisons, vous passez une porte et vous arrivez chez quelqu'un d'autre, c'est le même principe. Lorsque j'ai découvert cela, j'étais sa voix. J'avais enfin trouvé quelque chose pour me changer les idées, pour effacer ma mélancolie. Un monde plein de couleurs, alors que le mien reste terne. Un monde plein de rires, alors que le mien est plein de cris. Un monde plein de joie, alors que le mien est plein de terreur. Et ce monde était celui du Père-Noël.
Lorsque je repense à cette époque, je me trouve bien niais. Pour commencer, j'ai décidé d'enlever celui que j'appelais, malencontreusement à l'époque, le Perce-Oreille. J'ai demandé à trois acolytes de le faire et ce fut mission réussie. Enfin, en revenant dans mon monde, j'ai décidé d'organiser Noël à sa place. Oui, moi aussi je voulais que les gens sourient quand je passe, je voulais les rendre heureux ! Pourquoi devrais-je toujours les effrayer après tout ? Alors j'ai pris son rôle. Je croyais, à l'époque, après être revenu à la raison, que c'était ma pire erreur. Ce qui a suivit l'a contredit... En tout cas, grâce à tout cela, j'ai rencontré ma Sally. Parce que figurez-vous que du haut de mon incompétence, je croyais être le meilleur. Mais elle avait tout compris avant moi. Elle a sauvé le Père-Noël et nous l'avons laissé reprendre sa place. Chacun chez soi m'étais-je dit. Un squelette ne peux décidément pas organiser noël.
Cependant, pendant une très longue période, j'allais mieux. J'avais Sally à mes côtés. Elle s'était retirée de l'entrave de son créateur et, libre de ses mouvements, avait fait le choix de vivre à mes côtés. Pendant quelques années je me suis senti revivre de nouveau. J'avais un nouvel objectif : la rendre heureuse. Les fêtes de Halloween qui ont suivies ont toutes étaient parfaites. Pourtant, la mélancolie est revenue... Et ça m'a été, cette fois, fatal.
Alors que tout semblait parfait pour nous, je suis parti marcher de nouveau, et sans Sally. Alors que nous avions pris l'habitude de le faire ensemble. Peu importe, j'étais parti. Et puis, au détour d'un chemin, j'ai décidé de repartir vers la forêt sombre. Intrigué, curieux, je me demandais si je pouvais voir d'autres choses que le monde du Père-Noël. Et c'est en fouillant pendant quelques heures que je suis tombé sur un puis. Faisant partie de Halloween-Town, je n'ai peur de rien voyez-vous. Alors j'ai sauté dedans.
Imaginez-vous bien qu'à l'époque, je cherchais juste à me divertir. Je ne voulais de mal à personne. Je ne pensais pas aux conséquences de ce que je faisais. J'étais revenu du monde de noël aussi simplement que j'y étais entré. Si on m'avait dit que jamais je ne pourrais faire marche arrière, j'aurais sûrement réfléchi à deux fois avant de sauter là-dedans, avant de perdre mes amis, ma maison, ma ville, mon chien, ma Sally... Alors oui, j'ai sauté. Et je me suis retrouvé dans un autre monde, ressemblant beaucoup plus au votre qu'au mien. D'abord impressionné par ce nouveau corps que je possédais, j'ai erré autour de moi pour voir où j'avais atterri. Mais j'ai rapidement compris que je ne retrouverai pas de porte aussi facilement. Il m'aura fallu quelques jours à boire de l'eau de pluie et me nourrir d'insectes pour que je décide enfin de m'éloigner de l'endroit où j'avais atterri. J'ai cherché un endroit où vivre le temps de trouver une solution.
Alors pendant des semaines, j'ai vécu chez un fermier. Il a bien sûr tout de suite cru mon histoire, pourquoi lui aurais-je menti ? Il m'a nourrit alors je l'ai aidé dans ses tâches quotidiennes. Mais tout cela n'était pas ma vie. Donc je suis de nouveau parti et j'ai cherché de l'aide. Qui pourrait m'aider à retourner chez moi ? Dans ce monde, la magie existait alors ça ne devrait pas être compliqué.
Je ne vous détaillerai pas la suite pour deux raisons. La première est que je déteste cette étape. Celle qui m'a conduit où j'en suis aujourd'hui. La deuxième est que je ne m'en souviens plus dans les détails. Le restant de ma vie n'a été qu'un calvaire abominable, fruit de mon idiotie. Mais aujourd'hui je m'en moque bien. Sachez simplement que la seule chose qui m'habite est la rage. J'ai tout perdu, par ma faute certes, mais j'ai ainsi pu constater que dans vos mondes, tout n'est que douleur et mensonge. Vous n'êtes que des insectes abominables et ne vivez que pour vous. Chez moi nous vivons pour notre fête, dans le but d'effrayer les gens certes, mais c'est notre tâche et nous l'acceptons. Des moments de mélancolie m'ont menés ailleurs, mais jamais je n'ai vécu autant pour moi que vous le faites vous-mêmes. Vous vivez dans l'ignorance et ça vous plaît.
Souhaitant rentrer chez moi j'ai fait un pacte avec un sorcier. Je travaillais pour lui pendant quelques jours et en échange, il m'ouvrait une porte sur mon monde. Ça me paraissait équitable, ça me paraissait normal. Alors j'ai signé. Pendant plusieurs jours, j'ai rempli des tâches très ingrates. Le dernier jour, il m'a demandé de tuer quelqu'un. Il a dit que ce serait le but ultime. Il souhaitait savoir jusqu'où je voudrais aller pour retrouver ma Sally. Mais j'ai refusé. Voyez-vous, j'effrayais les gens, je ne les tuais pas. Si je tuais les gens qui effraierai-je ? Sans plus de cérémonie, il m'a transformé en cheval, disant qu'ainsi je lui servirai pour l'éternité.
Seulement mon histoire ne s'arrête pas là. De squelette à homme, d'homme à cheval, je me perdais moi-même. J'ai tant refusé de lui servir, même dans la peau d'un équidé, qu'il a fini par me vendre. Et pour me faire payer, il m'a vendu à la personne qu'il souhaitait que je tue. Pendant dix ans, j'ai vécu dans les écuries sombres et sales de ce Duc imbu de lui-même. N'étant pas montable au départ, ils m'ont battu presque à mort pour que j'obéisse. Souffrant, je n'ai eu d'autres choix que de le faire. Le pire dans mon malheur était que même si je ne ressemblais qu'à un animal, à l'intérieur, j'étais moi-même, et je passais mon temps à haïr tous ceux qui avaient croisé ma route. Si j'avais tué cet être abominable lorsque je le pouvais, je ne me serai jamais retrouvé ainsi. J'ai donc passé dix ans sous la selle de celui qui causait ma perte, à subir les coups de cravache et d'éperons, à être battu comme une bête inutile. Et je me suis perdu moi-même. Oubliant qui j'étais, je ne vivais que pour la vengeance. Et j'en ai eu l'occasion.
Dix ans plus tard, le sorcier à qui j'avais eu affaire est venu dans la propriété du Duc. Il voulait terminé le travail, m'ayant puni convenablement il souhaitait maintenant faire ce pour quoi il m'avait engagé et tuer celui qui me montait. Il n'en a malheureusement pas eu l'occasion. Car en cet instant, nous avons tous étaient transportés dans un nouveau monde. Devenu, à ce moment, plus cheval que squelette, je n'ai pas compris comment s'est arrivé. Et je me suis retrouvé de nouveau dans la peau d'un homme. Il ne m'a pas fallu longtemps pour trouver un poignard et l'enfoncer dans le cœur du sorcier qui avait gâché tant d'années de mon existence, récupérant ses pouvoirs. Je les croyais puissants, je pensais pouvoir arriver à mes fins. Mais il n'en est rien. Ces pouvoirs peuvent se révéler utiles, mais en aucun cas ils n'ouvriront de portes vers d'autres monde. Et encore faudrait-il que je parvienne à les utiliser...
La suite n'est pas particulièrement joyeuse. J'ai pris mon temps pour repérer les lieux. Storybrook. Lieu étrange pour des gens étranges. Ici la plupart des gens sont joyeux. Facile pour eux, ils ont tout ce qu'ils veulent. Je dois avouer que mes souvenirs s'effacent. Je ne sais plus vraiment qui je suis, je me souviens à peine de la façon dont je suis arrivé ici. La seule chose qui m'importe est la vengeance. Je me souviens avoir perdu tout ce que j'aimais par peur de tuer. Maintenant j'ai changé, la mort ne m'effraie plus. S'il faut tuer pour arriver à mes fins je le ferai. Je ne sais plus qui je suis mais je sais une chose : il faut que je trouve une porte...
Andalousie, je me souviens des prairies bordées de cactus.
Je vais pas trembler devant ce pantin, ce minus.
Je vais les attraper, lui et son chapeau, les faire tourner comme un soleil.
Ce soir la femme du torero dormira sur ses deux oreilles.
Est-ce que ce monde est sérieux ?