Il était une fois… C’est ainsi que commencent les contes de fée, non ? Alors, c’est ainsi que je dois commencer le long récit de ma vie. Dans ce monde étrange où je vivais, j’avais un père adorable, mais tellement occupé que je n’avais que peu l’occasion de le voir. Ma mère était en réalité ma belle-mère, et elle-même avait une fille aussi laide que méchante. Alors, c’était à moi, l’ainée, que revenaient toutes les tâches ménagères de la maison. Du moment où se lève le soleil, jusqu’à bien après qu’il soit couché, je devais aller nourrir les poules, nettoyer la maison, préparer les repas, laver la vaisselle, et filer la laine pour tricoter les couvres lits et les chandails pour l’hiver. Pendant ce temps, ma demi-sœur se prélassait avec ma belle-mère.
Un soir, alors que je venais d’avoir vingt ans, mon fuseau tâché de sang comme chaque soir, je finis par me retrouver dans une mauvaise posture : le fuseau tombé dans le puits où je tentais de le nettoyer pour ne pas tâcher la laine. Alors, petit à petit, j’ai descendu l’échelle branlante jusqu’au fond, jusqu’à l’eau, pour tenter, à la lueur de la lune, de trouver l’objet. Je savais au fond de moi que je n’en aurai pas d’autre, et qu’il me serait impossible d’expliquer à ma marâtre ce qu’il s’était passé. Pourtant, je ne l’ai pas trouvé, et en tentant de me pencher un peu plus bas, je suis tombée dans l’eau. L’eau m’a aspirée tout au fond, et je me suis retrouvée dans un monde aussi étrange que différent de celui d’où je venais.
Là, j’ai commencé mon exploration, recherchant encore et toujours ma quenouille. Là, je me suis retrouvée face à deux épreuves : celle du four à pain et de ses petits pains trop cuits, puis celle du pommier. Je les ai aidés, et ensuite je me suis rendue sur l’unique bâtiment de cette immense prairie. Là, une vieille dame effrayante m’a accueillie. Mon premier réflexe fut de faire demi-tour, mais elle me proposa un marché. Elle dit se nommer ‘dame Hiver’ et elle me proposa de rester habiter chez elle, et de lui servir de dame de chambre et de compagnie.
J’ai accepté. Entre la vie que je menais auparavant et celle que me proposait cette femme, je n’avais pas à hésiter. Je ne devais même pas songer à retourner à ma vie d’avant. Je suis donc resté chez Dame Hiver durant un long temps, sans nostalgie aucune, secouant les oreillers de plume pour que la neige se répande sur le monde. En échange, Dame Hiver me donnait à manger à chaque repas, et nos conversations étaient longues et enjouées. Au bout de longues années, la nostalgie me prit. Ce monde était magnifique, mais n’avoir qu’un four à pain magique, un pommier et une vieille dame à qui parler, c’était un peu étrange, déroutant, et les mêmes conversations ont fini par tourner en boucle entre nous. Et, finalement, j’ai eu envie de rentrer chez moi, de revoir mon père.
J’en ai parlé à Dame Hiver, et avec un sourire triste, elle m’a renvoyée chez moi. Mais, le sortilège a été étrange : elle m’a rendu ma quenouille, et elle m’a mise à la porte. Là, je me suis retrouvée près du puits, à côté de chez moi. Mais, ma robe bleue simple était désormais tressée de fils d’or pur. Mes mains et mes bras étaient couvertes de bijoux magnifiques, un diadème d’or et de diamants était sertit sur mon front. Seulement quelques semaines s’étaient passées, mais au fond de moi, je savais que c’était de nombreuses années, si nombreuses qu’il me faudrait plusieurs mains pour les compter.
Là, je suis rentrée, au chant du coq. J’ai été accueillie comme une princesse par ma marâtre et ma demi-sœur, et je leur ai raconté cette histoire. Le lendemain matin, ma demi-sœur avait disparu. Moins d’une semaine plus tard, elle était de retour, sale et dépenaillé. Dame Hiver l’avait mise dehors, et sa malédiction avait été à la hauteur de sa paresse. J’ai quitté la maison le jour même, emportant ce que m’avait offert la vieille dame avec moi. Je me suis établie alors pendant quatre ans dans la forêt enchantée, avant que la malédiction ne nous frappe une première fois.
Figée pendant vingt-huit ans, j’ai ensuite rejoins l’un des rares villages encore entiers pour tenter d’aider les habitants à reconstruire un semblant de paix. Puis, ceux qui étaient partis dans cet autre monde sont revenus, et une longue année à passé, une longue année où nous avons tous été touchés par la folie de Zelina. J’ai ouvert une petite boutique de tissus, j’ai commencé à travailler, à vivre, et une seconde malédiction nous a frappés.
Je me suis retrouvée à storybrook, sans savoir qui j’étais. Et, quelques mois plus tard, la malédiction a été levée. Au fond, ma vie d’ici n’était pas très différente de ma vie dans la forêt enchantée : ici aussi j’ai ma propre boutique de tissus, et je vis dans un petit appartement de quatre pièces, juste au dessus. Je suis heureuse, et sont accrochés dans ma penderie, ma magnifique robe d’or et la capeline en fourrure de neige. Juste à côté, dans un petit sac se trouvent les bijoux offerts par Dame Hiver. Ici, je ne suis que Lizzie, une demoiselle comme les autres au milieu de tous ces héros, et croyez moi : je n’ai pas l’intention de change ça.
pour info :
la légende originelle de Dame Holle