"J'suis p't'être pirate mais j'me sens cruellement honnête en ce moment, j'les ai payées ces bouteilles!"

Non mais sans déconner, en ce moment je dois être on ne peux plus malade... j'arrive même à ne plus explorer tous les recoins du regard pour chercher ce qui peut être volé. Pitié, un verre, vite!
Parlant de verre, je m'empare de celui qui se trouve devant moi avant de le boire cul sec et nous resservir , avant d'attraper la bouteille qu'elle a posé sur la table et la déboucher, curieux de savoir ce qu'il y a dedans si c'est pas la même chose que dans l'autre. J'en approche d'abord le nez avant de boire au goulot, refermant ensuite la bouteille pour la mettre à l'écart.

"J'sais pas si elle l'a coupé avec quelque chose ou si elle a voulu m'empoisonner, mais il est pas terrible en effet... l'autre est mieux."

Je retourne à mon verre, comptant bien retirer de ma bouche le gout de l'autre saloperie que je viens de boire avant de lever la main face à sa première question, lui signifiant d'oublier ma proposition, avant de reposer mon verre pour observer Emma face à moi, et surtout son air préoccupé. Je lui demanderais bien ce qui la tracasse, mais elle prend l'initiative de me parler avant, et je comprend sans difficulté qu'elle a changé de sujet avant même d'avoir entamé sa phrase. Un livre ouvert, je le lui ai déjà dit.

"Si ça peut t'aider, je t'y accompagnerai oui, aucun problème. Y a autre chose, non? Tu fais bien du mystère pour un voyage."

- Merci.

Qu’il accepte de venir avec moi, au fond, ça me soulage, un peu, mais la suite de sa phrase me tire une ombre sur le visage. Fichue pulsion. J’ai envie de lui sauter au cou et de lui retirer ses vêtements, mais quelque chose me réfrène. Il faut avouer que je n’ai jamais eu de chance avec les hommes. Il y a eu Neal, tout d’abord, qui m’a trahie puis abandonnée en prison. Ensuite, le nom de mes amans de passage ne me revient même plus à l’idée, tous si éphémères qu’ils étaient, pour finir avec Graham, qui est mort parce que j’avais cédé à cette pulsion, tué par Regina et sa jalousie. Ensuite, il y avait eu cet homme que je pensais sincère, durant l’année que j’ai vécue à New York. Au final, ce n’était qu’un homme manipulé par Zelina pour s’assurer que je resterai en dehors de ses petites affaires. Alors, avec un passé amoureux aussi lugubre, comment voulez-vous que j’arrive à me laisser aller avec Killian, même si j’en meurs d’envie. Même s’il y a ce fil rouge entre nous qui nous unit sans pourtant qu’on arrive à comprendre comment il s’est créé.

Je ne sais pas quoi faire ni quoi dire pour arriver à passer outre tout ça et pour me laisser enfin aller avec Killian. Je veux dire, il le mérite. Il l’a gagné après tout ce qu’il a fait pour moi. Je n’ai pas envie de le voir souffrir parce que je ne sais pas être moi-même en public, trop attentive à ce qu’il se passe autour de moi pour accepter réellement d’être moi-même en toute circonstance. Pourtant, avec Killian, quand on est seuls, je sais être moi-même. Je sais utiliser ma magie pour l’embêter, être taquine et avoir ce sourire qui atteint mes yeux.

- Ouais, y’a autre chose… C’est pas ce que je voulais dire, mais…

Les mots ne sortent pas. Les mots refusent de passer le seuil de mes lèvres. Un sourire triste monte sur mon visage et je vide cul sec mon verre, avant de me lever pour contourner la table et de m’installer à côté de lui, le repoussant pour l’allonger sur le canapé, et me lovant contre son épaule. Ce que je veux, c’est lui. Mais c’est une souffrance que je ne suis pas prête à assumer. Pas encore, et peut être jamais. J’ai envie de ses lèvres sur les miennes, de ses mains parcourant mon corps, mais je ne peux pas me laisser aller. Pas tant que je ne suis pas certaine que tout ça n’est pas réellement finit.

Je n'aime pas voir cette expression si triste sur le visage de Emma, seulement, je n'aime pas non plus la voir si pleine de doutes que c'est à s'en demander comment elle peux vivre avec. Et pour avoir essayer, on ne peux pas, pas sans souffrir suffisamment pour changer irrémédiablement, et pas en bien. Elle m'a sauvé de ce que j'étais devenu, cet homme incapable du moindre sentiment, aveuglé par la vengeance qu'il comptait obtenir. Chacun son tour, et si je peux lui être utile, il n'y a rien qui me retienne de l'aider.

Enfin, je me demande rapidement ce qui lui prend lorsqu'elle contourne la table pour s'installer près de moi, m’allongeant sur le canapé. Je la laisse s'installer contre moi avant de passer un bras autour d'elle, prenant gare à ne pas la blesser de mon crochet, perdu quelque part dans le lot.

"Tu peux compter sur moi. Si t'as besoin de pleurer, pleure un bon coup, et si t'as besoin de te défouler sur quelqu'un, essaye juste de pas trop m'abimer. Parait que j'suis beau gosse et c'est la seule qualité qu'on me trouve, j'vais pas te laisser me la ruiner quand même!"

La plaisanterie passée, j'espère obtenir d'elle au moins un sourire, à défaut d'un rire, et je finis par fermer les yeux, profitant de sa présence près de moi, me retenant de justesse de ne pas perdre mon visage dans ses cheveux pour finalement préférer poser ma joue contre sa tempe. Pour tout avouer, je voudrais bien que ce moment ne trouve pas de fin.

Mais qu’est ce qui m’a pris, hein ? Pourquoi est ce que j’ai ce besoin plus que vital de le toucher et d’être proche de lui ? Ma tête contre son épaule, je ferme les yeux, et je me laisse aller lentement au bien être qui m’envahit. Oui, je suis bien ici, et un sourire sincère monte à mes lèvres quand il me propose de devenir un peu plus que ce qu’il n’est déjà. Un confident, un ami…

- Tu sais très bien que ce n’est pas ce que tu veux. Tu sais très bien que ce n’est pas non plus ce que je veux.

Sa joue contre ma tempe, je me tortille pour me relever, approchant mon visage de ses lèvres, à la fois certaine et incertaine. Il me sert depuis trop longtemps à écacuer mes pulsions sans que je ne lui laisse le moindre choix. Je l’embrasse quand j’ai besoin de l’embrasser, pour mieux le repousser à la seconde où cette pulsion est passée. Et si je me laissais aller, pour une fois. Mes yeux d’un bleu profonds se plongent dans les siens alors que je laisse mes lèvres à quelques centimètres des siennes.

- Tu sais très bien ce que nous voulons l’un comme l’autre, Killian.

J’ai le choix. Reculer, ou avancer. Revenir en arrière et reprendre ces paroles, ou bien l’embrasser et accepter, du moins lorsque nous sommes seuls – il ne faut pas non plus trop m’en demander – ces sentiments tumultueux qui envahissent mon cœur lorsque je suis près de lui. Et, je choisis d’avancer la tête, lentement, pour unir nos lèvres. Cette fois, il y a bien moins de passion dans mon regard. Juste envie de voir où ça va me mener. Où ça va nous mener.

Ce que je veux. Si seulement je le savais. Ce que je veux c'est son bonheur, et si le mien ne peux se faire à cause de cela, j'y survivrai. Tant que je peux être près d'elle, j'accepte tous les rôles. Bien sur que je veux davantage, avoir ce lien avec elle que je n'ai jamais partagé qu'avec une seule personne, pouvoir vraiment être avec elle sans que je doive jouer de finesse dans mes paroles pour ne pas la braquer une fois encore, et même pouvoir être près d'elle sans que nous devions nous cacher de la sorte. Si c'est ce qu'elle veut, bien sur. La tournure de sa phrase pourrait me le faire penser, le baiser qu'elle m'offre me le confirme. Il n'y a pas de défouloir, juste elle et moi, et un baiser que je lui rend à la hauteur qu'elle me le donne, tentant d'y infiltrer tout l'amour que je ressens pour elle, même si c'est pour souffrir d'un nouveau rejet quelques minutes plus tard.
Je sais qu'elle fuira de nouveau, c'est ainsi qu'elle fonctionne. J'espère juste qu'elle fuira suffisamment près pour que je puisse la rattraper, que je n'ai pas à attendre des semaines encore qu'elle veuille de moi. Je suis patient, à la limite de l'inaction même, mais je me lasse d'attendre.

Je me recule juste le temps de reprendre mon souffle avant de l'embrasser de nouveau, profitant de l'instant offert avant qu'il ne soit brisé, espérant qu'il ne le soit jamais, sans profiter davantage de la situation néanmoins. Je suis peut-être un pirate, mais avant tout un homme d'honneur, et suffisamment ravi qu'elle m'embrasse ainsi pour ne pas chercher à obtenir davantage que ce qu'elle m'offre déjà.

Un second baiser vient sceller cet instant court de magie et je me laisse aller à me détendre, blottie contre Killian, jusqu’à ce qu’il s’éloigne enfin pour me laisser respirer. Ma main se porte à sa joue et je caresse lentement sa barbe de trois jours avant de plonger mon regard dans le sien, si pénétrant, si profond. Je me laisse aller et je soupire avant de déposer un nouveau baiser sur ses lèvres, très court celui-là. Mon regard s’attriste quelques secondes et je soupire légèrement.

- Tu sais qu’une fois sortis de ce… sanctuaire, je ne pourrais plus être ainsi, n’est-ce pas ? Ce n’est pas que j’ai honte de toi… de nous… Mais j’ai tellement peur que quelqu’un brise ce que nous avons. A chaque fois que je pense être heureuse, quelque chose le brise, quelque chose me retire l’homme qui compte pour moi.

Je m’approche à nouveau de son visage pour prendre ses lèvres et en savourer le gout, avant de m’éloigner, ma main posée sur sa joue. Oui, en cet instant, je sais que mon cœur aspire à rester là, auprès de lui, pour toujours. Mais, c’est une chose que je ne peux faire.

- J’aimerai ne plus jamais sortir d’ici…J’aimerai qu’on puisse rester là, tous les deux, sans que rien ni personne ne vienne nous trouver…

Je joue avec le cordon qui ferme sa chemise, tirant dessus sans réellement y penser, mes yeux fixés dans le vide, sur un point que je sais trop lointain et trop invisible pour qu’on puisse le découvrir. J’aimerai avoir un cocon autour de moi, pour ne plus jamais en bouger. Être la sauveuse, j’ai assez donné. Laissez-moi être juste Emma pendant un moment. Juste Emma, dans les bras de cet homme qu’elle aimerait pouvoir assumer face au monde. Mais, je sais que je ne pourrais pas sortir d’ici en criant que Killian est à moi, que mon cœur vibre pour lui.

Ma main quitte au bout d’un moment le lacet désormais défait, et je plonge mes yeux dans les siens, avant d’unir à nouveau nos lèvres. Nous n’avons que trop attendu. La vie ne nous a pas fait de cadeaux, nous rendant ennemis durant les premières semaines de notre rencontre, avant de nous séparer par ce sort que Regina a été obligée de lancer pour faire disparaitre Storybrook. Je l’ai oublié, certes, mais mon cœur l’a appelé, même si je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. Et, maintenant que tout ça est fini, je sais que je pourrais me laisser aller, sans cette peur qui m’étreint encore le cœur. Quel prochain ennemi viendra réduire ce bonheur construit à néant ?

Mais, pour ce soir, je ne veux pas le savoir. Pour ce soir, j’ai besoin de ses bras autour de mon corps, et de ses lèvres contre les miennes.

Même si j'aurai souhaité que ce baiser n'ait pas de fin, nous sommes humains et nécessitons de respirer, unique raison pour laquelle je finis par me reculer, libérant ses lèvres des miennes histoire de nous laisser l'occasion de respirer. Je la laisse parler, le regard bas, l'écoutant religieusement sans intention aucune de la couper dans ses paroles avant d'appuyer mon front contre le sien tandis qu'elle joue avec le lacet de ma chemise.

"Je sais ce qu'on a. On sait ce qu'on a. C'est tout ce qui m'importe. J'ai clairement pas besoin que toute la ville le sache pour le savoir moi-même."

Elle m'embrasse une fois encore et ma main passe derrière sa nuque tandis que j'appuie davantage ce baiser, avant de lui rendre la liberté de ses lèvres pour répondre à son inquiétude.

"Tu ne me perdras pas, ok? Je ne te lâcherais tellement pas que tu me supplieras d'aller voir ailleurs. Fais moi juste confiance. J'ai passé bien trop d'années à m'occuper de moi-même pour ne pas savoir le faire."

D'accord, je suis doué pour m'attirer des ennuis, davantage encore quand elle se trouve impliqué dans les-dits ennuis, mais je sais aussi, en général, me sortir tout seul de mes propres ennuis. Faire appel au scooby-gang pour me tirer d'un mauvais pas n'est vraiment pour moi qu'une option de dernier recours, soit quand, pour mon malheur, ils ont eu vent de mes ennuis, soit quand je finis par m'avouer être incapable de m'en débrouiller seul. Quoique, aussi puissants soient Zelena et Rumple, j'avais bien prévu de me tirer tout seul de ce mauvais pas là, donc...

"Attends, une seconde..."

Je me débrouille pour libérer mon bras gauche d'en dessous d'elle sans la blesser au passage avant d'en retirer le crochet, que je pose sur le rebord de la table, du bout des doigts, avant de la serrer davantage contre moi, mes deux bras autour d'elle.

"Voilà. Hors de question d'aller où que ce soit ce soir. Là, je compte bien profiter de la tranquillité qui nous est offerte, et tenter de bien dormir, pour une fois."

Son visage pensif alors que je parle me fait peur, et j’ai l’impression qu’il va me renvoyer balader, comme s’il en avait marre de me voir incapable de choisir ce que je veux. Au fond de mon cœur, il y a cette apréhension qui m’étreint, et cette impression qu’il ne sera pas meilleur que les précédents. Et, encore une fois, j’ai envie de prendre mes jambes à mon cou. Sauf que ses paroles, alors qu’il approche son visage contre le mien, me tirent un sourire sincère. Il y a un ‘on’, donc. Et, étrangement, ça me réchauffe le cœur d’entendre ça, bien plus que ce que je l’aurais cru. Nos lèvres s’unissent encore une fois, et je me love à nouveau contre lui, un petit rire montant à ma poitrine lorsqu’il me promet de ne pas me lâcher.

- Oh vraiment ?

Ma main caresse sa joue, et je secoue doucement la tête, avant de reprendre :

- Mais, pour ne pas me lâcher, il faut qu’on s’affiche… N’est-ce pas un peu contradictoire avec ce que tu viens de me dire ?

Au fond, ça me ferait plaisir et ça me rendrait heureuse de pouvoir crier à tout le monde mon bonheur lorsque je partage un de ces moments privilégiés avec Killian. Mais, on me l’enlèvera. On m’enlève toujours ceux auxquels je m’accroche. Il s’éloigne de moi le temps de retirer son crochet – je l’avais oublié celui-là … - avant de me serrer contre lui, et de me proposer de passer la nuit ensemble. Heu… Attendez. On va un peu vite là.

- Pitié, dis-moi au moins qu’il y a un lit quelque part sur ce rafiot… Je tiens à éviter les courbatures demain matin moi.

Pour ma part, je n’ai pas de lieu plus confortable à proposer : je vis encore chez Granny, vu que je n’ai toujours pas trouvé d’appartement où je pourrais m’installer. Je ne peux pas rester chez mes parents, leur bonheur éclatant et leur façon effrayante de tout voir en rose me fout beaucoup trop la trouille. Et puis, bébé Neal n’arrête pas de pleurer et… croyez moi, j’ai besoin de dormir la nuit, pour être en forme le matin.

- A moins que tu ne comptes m’emmener ailleurs ?

Après tout, il est possible qu’Henry décide de pousser une petite visite à son pirate préféré, et qu’il nous surprenne ici… Au fond, ce sanctuaire n’en est peut-être pas un…

Je souris doucement, à présent conscient de la maladresse de mes paroles, avant de préciser ma pensée en tâchant de mieux choisir mes mots.

"C'est pas ce que je voulais dire. Quand j'dis que j'te lâcherais pas, c'est que tu peux compter sur moi à tes cotés, pour quoi que ce soit. La seule chose qui m'empêchera de te suivre sera mes propres emmerdes, dans lesquelles je t'interdis de te mouiller, d'accord?"

Bon, en règle générale, je me retrouve dans des galères à cause des emmerdes de cette ville, et non par ma faute (pas au départ, toujours). La prochaine que je vois en date? Regina décidant de se défouler sur moi pour la colère qu'elle rumine contre Emma. J'sais pas pourquoi hein, mais j'le sens bien...
Je souris amusé de sa remarque, plantant mon regard dans le sien, me perdant dans le bleu de ses yeux, avant de lever un instant les yeux aux ciels pour me décider sur ma dernière idée en date, que je valide d'un hochement de tête avant de lui répondre.

"Et bien, y a bien une maison vide à l'extérieur de la ville. Je doute que sa propriétaire n'y revienne avant un bon moment donc, on devrait avoir la paix. Rassure moi, le sorcières aussi dorment dans des lits?"

Oui, je parle de la maison dans laquelle se dissimulait Zelena durant son petit séjour parmi nous. D'ailleurs, je suis doucement en train de penser que c'est regrettable de laisser vacante une si grande bâtisse quand certains d'entre nous se retrouvent à crécher chez Granny... ouais bon, moi j'me suis plus ou moins installé ici, donc j'me la fermerai sur le mode "camping" de certaines personnes de cette ville...

"Bon, si j'ai bien compris, faut s'lever?"

Je l'embrasse rapidement avant de me relever en faisant gaffe de ne pas la bousculer ( c'est elle qui est au bord du canapé, pas moi), récupérer mon crochet et enfiler de nouveau mon manteau sur mes épaules, puis sortir à l'air libre, m'assurant que personne ne se trouve dans le hangar avant que Emma ne me suive. Qui de ces crétins croiraient qu'il ne s'est strictement rien passé entre nous à nous voir sortir du même bateau? Certainement pas David, Mary Margaret ou leurs copains, or, je tiens un minimum à ma tête, surtout depuis que j'ai la certitude que cela vaut le coup, c'est à dire, dix minutes, vingt?

Un rire sort de ma poitrine à sa réponse, et je secoue la tête. Comment peut-il espérer que je reste à ma place s’il est dans les ennuis, hein ? Il devrait commencer à me connaitre, et savoir que j’aide toujours ceux que j’aime, toujours. Il n’aura pas le choix, en fait, même si je sais qu’il sera aussi fuyant que je pourrais l’être dans la même situation dans laquelle il pourrait être. C’est peut-être pour ça que je l’apprécie autant, en fait. Parce qu’il me ressemble.

- La maison de Zelina ? Pourquoi pas…

Après tout, je cherche un appartement, et si cette maison est assez bien pour Zelina, elle le sera pour moi. En plus, elle est suffisamment loin de tout pour que ça me plaise. Je n’ai pas envie de rester chez Granny, et pouvoir me centrer sur moi-même pendant un moment, là-bas, où personne ne pourra me voir trainer en petite culotte, un verre de whisky à la main à 10h du matin, hey bien… franchement, ça me plait. Pas de vis-à-vis, pas de contraintes, juste moi, Henry quand il voudra venir dormir chez moi, et Killian les soirs où Henry ne sera pas là.

Ouais, c’est parfait pour mener ma toute nouvelle double vie. Combien de temps est ce que je tiendrais avant de me faire découvrir par Henry ou je ne sais qui dans les bras de Killian ? J’espère un moment. Je sais très bien qu’on va à la fois trop vite et trop lentement, qu’on s’est attendus, et qu’on a vécu toutes ces épreuves, avec Neal, avec mon amnésie… Et que, maintenant on peut enfin être ensemble… C’est long et lent. C’est rapide et soudain. Si on m’avait dit ce matin même que je passerai la nuit dans les bras de Killian, alors peut être que j’aurais ri au nez de cette personne. Pourtant, là, je me retrouve devant le fait accomplis. Bon, d’accord, c’est moi qui l’ai proposé… d’une certaine manière. Mais, de l’autre… C’est trop rapide.

- En tout cas, chez Regina, il y a des lits. Il devrait y en avoir un chez Zelina aussi, et plus personne pour en payer le loyer alors… Allons-y.

Je n’ai pas non plus dit qu’il fallait se lever immédiatement… On aurait pu rester ici une heure ou deux. J’suis bien dans ses bras moi. Enfin, je m’éloigne de lui pour lui permettre de se relever, et je le regarde remettre son crochet et son manteau avant de l’imiter, un peu plus lentement.

Une fois à quai, je glisse ma main dans la sienne, une demi-seconde, avant de m’avancer vers la porte du hangar pour en sortir pendant que Killian referme derrière nous le bateau et le hangar. J’avance ensuite lentement, dans le soir qui tombe, sans un mot supplémentaire. J’aime assez ne pas avoir besoin de parler quand je suis à son côté, et c’est avec un sourire que je prends la direction de ma voiture, où nous montons pour aller vers la maison de Zelina.

Je me garde devant, me demandant si son ancien assistant ne s’est pas installé là, puis j’entre dans la maison après avoir crocheté la serrure. Regina doit avoir un double quelque part, je le lui demanderai demain, si elle accepte de me regarder sans avoir envie de me trucider. C’est chose compliquée en ce moment comme je viens juste de ramener sa plus grande rivale du passé.

La maison n’a pas eu le temps de prendre la poussière, et j’en fais rapidement le tour, réalisant que, si je le souhaite, ça peut devenir mon chez moi. Ma maison. Un pincement dans mon cœur et je me tourne vers Killian qui m’a suivi sans un mot. Je n’ai pas allumé les lumières, et il commence à faire sombre. Je n’ai pas faim, et j’ai juste envie de me glisser sous la couette, même si je n’ai rien mangé depuis ce matin.

- Bienvenue chez nous…

Allons, qu'est ce que je raconte moi encore ? Je me laisse tomber sur le lit et je commence à retirer mes bottes, avant de faire subir le même sort à ma veste.

Une fois descendus du bateau, je sens la main d'Emma se glisser dans la mienne et je fais mine de la retenir alors qu'elle la retire, quelques secondes plus tard à peine. Elle s'éloigne aussitôt pour sortir du hangar et je la suis de près, m'arrêtant cependant pour récupérer ma sacoche dissimulée dans un coin et refermer la porte et la chaine associée, avant de la suivre de nouveau, pensant d'abord devoir une fois de plus traverser la ville à pied - quoiqu'en sa compagnie, c'est bien moins barbant, même si le silence nous accompagne - jusqu'à ce qu'elle se dirige vers sa voiture, dans laquelle je monte à mon tour. Plus rapide et moins crevant je dois avouer.

Plusieurs minutes silencieuses de voiture plus tard, nous nous arrêtons face à cette grande maison où s'est cachée la sorcière durant son court mais suffisamment long pour nous séjour à Storybrooke, et à peine descendus, il ne faut que peu de temps à Emma pour crocheter la porte. Quand je dis qu'elle ferait un bon pirate... m'enfin, n'allez pas le lui répéter. Une fois à l'intérieur, je la suis tandis qu'elle fait le tour du propriétaire, en profitant pour jeter un œil également en notant que cette maison arrive à paraitre plus grande vue de dedans que de dehors, et pourtant je la trouvais déjà pas mal vue de dehors. Croyez que je pourrais me faire une petite place au fond d'un placard? Je suis certain que ça resterait plus confortable que ma situation actuelle, même si je n'ai jamais été du genre à me plaindre.

Je ne m'étais même pas rendu compte que notre route nous avait mené à une chambre avant que Emma ne se laisse tomber sur le lit, se débarrassant de ses bottes et de sa veste, pour prononcer cette phrase qui me laisse un instant indécis. Que veut-elle dire par "chez nous"? Je veux bien que nous ayons un tantinet accordé nos violons cet après midi, mais de là à m'offrir de m'installer avec elle, il y a quand même un monde...
Je fais mine de ne pas avoir noté, bien que je doute que mon expression soit passée inaperçue, avant de contourner le lit pour me débarrasser de ma sacoche, mon manteau et mon crochet sur une chaise puis m'installer sur le lit, en testant le confort avant de m'allonger dessus et passer un bras autour des épaules de Emma pour l'attirer contre moi, ma joue posée contre sa tempe.
"Je t'aime."

Une lune de miel. Enfin, une lune de miel bien étrange, il faut l’avouer. Depuis ce matin, je ne sais pas réellement ce que je fais, je ne suis peut-être pas réellement maitresse de mes actions. Cependant, pour une fois, je ne le regrette pas du tout, comme je suis bien, à être moi-même. Emma, cette part de moi qui est Emma avait besoin de ressortir, et c’est avec plaisir que je la laisse sortir. J’aime être moi-même, j’aime être avec Killian, et savoir me laisser aller comme ça. Blouson, bottes, une fois tout ça retiré, je vais pour tester le lit, sans avoir remarqué la tête que Killian a faite. Je le laisse faire son propre tour et retirer bottes, manteau et crochet pour s’allonger à côté de moi.

En fait, cette situation est étrange. On ne peut plus étrange, même. La phrase que j’ai dite il y a quelques secondes raisonne en moi, et je me demande soudainement si elle était bien choisie. En fait, cette petite blague était peut-être une mauvaise idée… Je pince les lèvres. Non, ce n’était pas une mauvaise idée, j’avais réellement l’intention de proposer à Killian de squatter l’appentis, ou peut-être la chambre d’amis. Mais, le voir là, allongé à côté de moi… Ouais, bah ça me met un peu mal à l’aise. Enfin, un peu. Son bras vient trouver mon épaule et je me blottis contre lui, appréciant le moment présent. Il sera peut-être temps plus tard des questions sur ce qu’il se passe ici, et sur les actions que je réalise. Je ferme les yeux, et je laisse le temps s’éterniser entre nous, un sourire sur les lèvres, jusqu’à entendre trois petits mots qui manquent d’arrêter mon cœur sous l’effet de la surprise. Un court moment passe, sans que je ne réussisse à bouger ou à dire quoi que ce soit. Finalement, je relève lentement la tête, accompagnant mon mouvement d’un bras qui vient caresser la barbe de trois jours de l’homme à mon côté, et je me tortille pour capturer ses lèvres, sans répondre à ces paroles.

Au fond de moi, j’ai l’impression d’avoir attendu ces mots toute ma vie. Depuis que je connais killian, notre relation a été faite de hauts et de bas, et nous n’avons jamais réellement pris le temps de parler, de nous avouer cette attirance que nous avons l’un pour l’autre. Je le sais depuis que je l’ai vu, et c’est pour ça que je l’ai rejeté, pour commencer. Parce que j’avais réellement peur de le voir me faire du mal. Pourtant, aujourd’hui, je sais que ce besoin que j’ai d’être proche de lui, que cette envie que j’ai de sentir sa main sur la mienne, ses lèvres contre les miennes… Je sais que j’ai besoin de lui, et que les sentiments que j’essaie de coincer au plus profond de mon cœur, de les ignorer, sont réellement réciproques. Cela fait des semaines que je me réfrène, des semaines que je me renferme sur moi-même alors que je peurs d’envie de lui.

Finalement, après avoir mêlé nos langues durant un moment, dans un ballet qui réveille en moi des sensations que j’avais oubliées, je finis par éloigner mes lèvres des siennes, posant mon front contre le sien, un sourire de gosse sur mes lèvres. Mon regard plonge dans le sien, et je prends une inspiration.

- Moi aussi, je t’aime, Killian.

Néanmoins, ce que je lui ai dit tout à l’heure reste valable. Je ne suis pas certaine que nous pourrons réussir à vivre quoi que ce soit tant que l’ombre de ces contes de fées planera au-dessus de nous. Je ne suis pas certaine d’arriver à savoir assumer le fait de sortir avec un pirate de conte de fée. Même si ce pirate est diablement sexy.

Mais, je repousse ces idées noires, et je contemple le visage de cet homme, ma main caressant sa joue. Je m’approche à nouveau de lui pour l’embrasser, comme je n’ai réellement qu’une envie : rester là pour toujours. Ma main glisse le long de sa joue pour aller attraper sa chemise. J’ai diablement envie de la lui retirer pour profiter, après tous ces mois à se tourner autour, à se poursuivre, à se désirer sans que les choses ne puissent tourner comme il le faut pour nous, de ce répit qui nous est offert.

Je relâche ses lèvres, cependant, avant de réellement aller plus loin qu’il ne serait bon d’aller, même si je lis dans ses yeux le même désir brûlant que dans le mien. On n’est pas aidés…

A quoi je m'attendais? En vérité, je n'en sais rien. Quelle me réponde ainsi par la positive n'était pas véritablement la réponse que j'attendais le plus, même si c'est celle qui peut me faire le plus plaisir.
Nos lèvres s'unissent de nouveau dans un baiser des plus tendres, que j'ai cependant tendance à appuyer comme sa main glisse de ma joue au col de ma chemise, m'attirant davantage encore vers elle. J'aime ce que nous avons, et je n'en demande pas davantage, seulement, j'ai parfois tendance à être en désaccord avec l'intégralité de mon corps, et malgré que je ne compte absolument pas bruler les étapes avec elle, je ne peux nier le désir qui me tient de partager ces baisers avec elle.
Mon bras gauche à sa taille, ma main perdue dans ses cheveux, je tente de retenir ses lèvres contre les miennes lorsqu'elle s'éloigne finalement, bien que l'incertitude qu'éprouvent mes principes sur la suite des évènements lorsque je croise son regard, au moins aussi brulant que le mien doit l'être, me convainc légèrement de la brillante idée de mettre ici un terme à ce baiser, le temps de réfléchir un minimum... sinon, je ne répond plus de rien.

Après un sourire, je l'embrasse sur la mâchoire, remontant doucement jusqu'à son oreille, puis sa tempe, me rallongeant petit à petit, avant de glisser mon nez dans ses cheveux, légèrement au dessus de son oreille, replaçant mon bras droit derrière ses épaules et le gauche par dessus d'elle tout en me serrant contre elle.

"Bonne nuit amour."

Les yeux à présents clos, je laisse un sourire s'installer sur mes lèvres alors que je m'endors rapidement, bien parti pour profiter d'un sommeil bien plus serein qu'à l'accoutumée.

Sincèrement, je me serais réellement perdue dans les bras de Killian s’il avait fait le moindre geste en ce sens. La passion que je sens dans ces baisers… En fait je ne crois pas l’avoir déjà expérimentée auparavant, pas même avec Neal. Mon corps est brûlant, et je n’ai réellement pas envie de bouger de là… Plus jamais. Ses lèvres finissent par quitter les miennes, de mon initiative, et je le sens aussi incertain que moi. Je tente de reprendre mes esprits, mais je perds à nouveau ma contenance lorsque je sens ses lèvres sur la ligne de ma mâchoire, glissant sur ma peau. Je ferme les yeux, une seconde, et je frémis, alors que je le sens s’allonger à côté de moi.

Un sourire monte à mes lèvres alors que je réalise que de nous deux, c’est lui le plus raisonnable. Qui l’aurait cru. Je me love contre lui, ma tête trouvant sa place contre sa joue, dans le creux de son épaule, et je ferme les yeux. Nous n’avons même pas pris la peine de retirer nos vêtements – enfin, peut être devrais-je dire ‘encore heureux’ sur ce point, vu le début de la soirée – ni celle de relever la couette sur nous. Je sais d’avance que je vais me réveiller dans quelques heures parce que j’aurais froid, mais pour le moment, je ne veux pas bouger de ses bras.

- Bonne nuit pirate…

Je m’endors assez rapidement, sans penser pour une fois à toutes ces choses qui m’ennuient chaque soir avant de m’endormir.