Moi, une princesse de contes de fée ? Qui l’aurais cru… Et pourtant, depuis quelques jours que Killian et moi avons changé le passé, force m’est d’avouer une chose étonnante : je suis dans le livre des contes de fée. J’y suis, et je n’en bougerai jamais plus. Même si mon père est le prince Charmant, et ma mère Blanche Neige, je dois avouer que je n’y aurais jamais cru. Me retrouver dans le livre d’Henry, a été un véritable choc, et même si j’en suis venue à accepter cet état de fait, tout comme j’accepte désormais de nommer cette ville étrange ‘ma maison’, j’ai parfois encore du mal à me retrouver en moi-même.
Dans cette situation, pour éviter de voir le regard triste de ma mère de poser sur moi, ou l’incompréhension dans celui de David, je préfère m’isoler. J’ai toujours été comme ça, à préférer la solitude aux explications, à me renfermer sur moi-même pour trouver la solution à mes problèmes seule, sans pourtant que ça ne soit la meilleure solution. Et, je crois que le pire dans tout ça, c’est que je le sais parfaitement, et que ça ne m’empêche pas de recommencer, encore et encore, à suivre le même schéma autodestructeur.
Aujourd’hui, j’ai décidé de m’isoler un peu, et de me rendre au puits des souhaits pour tenter, une nouvelle fois, de faire le point sur mes dernières aventures. Partir dans le passé et en revenir avec la dernière personne que j’aurais dû ramener a été une idiotie des plus idiotes, certes, et la colère de Regina risque de s’abattre sur moi, mais… Aurais-je du laisser Marian mourir dans cette geôle ? Je n’ai jamais été du genre à accepter la mort des autres, et celle des nombreux deuils que je porte ne fait qu’ajouter à ma peine et à mon trouble. Appuyée contre les briques usées du puits des souhaits, mon regard bleu sombre dans les profondeurs de ce trou, et je ne sais si un jour j’arriverai à y voir plus clair dans ce méandre qui crée ma vie désormais.

J'avais espéré trouver Emma chez Granny, devant son éternelle tasse de chocolat à la cannelle que je lui connais si bien, mais si j'y ai trouvé David et Blanche en compagnie de leur singe hurleur - pardon, leur bambin - aucune trace de leur fille ainée. Bah, qu'à cela ne fasse, j'sais à peu près où la trouver dans cette ville.
Et bien évidemment, je me dirige d'abord vers l'endroit que je préfère sur ceux de ma liste, à savoir les docks. Ne l'y trouvant pas, je rebrousse chemin en direction du parc, avant d'obliquer au dernier moment vers la forêt, et plus exactement le puits, guidé par une intuition quelconque (et comme la ville est assez étendue pour que je finisse par emprunter le camion de David pour la traverser d'un bout à l'autre, je préfère suivre les intuitions qui se présentent à moi).
Et je dois dire avec fierté pouvoir toujours compter sur mes intuitions, malgré les bouleversements plus que radicaux survenus dans ma vie au cours des derniers mois, car c'est effectivement là que je la trouve, dos à moi, appuyée sur les pierres composant le puits, très certainement en train de ruminer une fois de plus le fait d'avoir ramener Marian avec nous depuis le passé. Merde, tout le monde fait des erreurs, on passe pas tous not putain de vie à s'en soucier...j'aurai du boulot sinon.
"Merde Swan, tu vas continuer à ruminer ça longtemps? Si j'avais su ça j'aurai réglé la question à ma façon...Non mais sérieux, même si t'avais eu la plus petite idée de qui elle était, t'allais pas la laisser crever, et on ne pouvait pas se permettre de la laisser en vie à son époque. De deux maux t'as choisi le moindre."

Au bout d’un temps qui me semble infini, une voix masculine retentit dans mon dos, et je me crispe sous ces paroles. Killian sait toujours comment taper au vif, et je ne sais pas comment il fait pour lire en moi comme dans un livre. Parfois, j’avais envie de retourner à cette douce époque où il était mon ennemi, et où je pouvais lui taper dessus en toute impunité. Je ne le regarde pas, pas tout de suite, cependant, de peur qu’il voit sur mon visage des choses que je n’aimerai pas qu’il voit.
- Je ne t’ai pas demandé ton avis, Killian.
Ne pas le regarder. C’est important. Ne pas le regarder. Je ne dois pas le laisser lire dans mon regard que j’ai aimé nos baisers, et pire que ça, que j’ai envie de recommencer. Je ne veux vraiment pas lui donner la moindre once d’espoir, car je ne sais moi-même ce que je veux. J’aimerai réellement arriver à mettre un nom sur les sentiments que j’ai envers lui… Mais, j’ai d’autres dilemmes à régler à l’heure actuelle, et je n’ai clairement pas le temps de perdre mon temps avec Killian. De plus, ne serait-ce pas plus intelligent de porter le deuil de Neal un peu plus longtemps ? Malgré tout ce qu’il s’est passé, dans le présent et dans le passé, je n’ai toujours pas réussi à le pleurer comme il aurait mérité que je le pleure. Je ne peux croire qu’il soit parti à jamais…
- Ce sont mes démons. Pas les tiens. De toute façon, à ma place tu te contenterai de boire du rhum jusqu’à plus soif, jusqu’à ce que l’inconscience te prenne, dans les bras d’une vulgaire putain
Jalouse, moi ? Je n’irais pas jusque-là. Je me retourne face à lui et je le toise de haut en bas, incapable de masquer mon mépris. Peut-être devrais-je écouter ma colère plus souvent, mais pour cela je devrais passer plus de temps avec lui, comme il a ce don de me faire sortir de mes gonds en permanence. Un pas, un autre. Me voilà juste en face de lui, mon visage à quelques centimètres de lui.
- C’est ce que tu me conseille, peut être ?

Je lève mon crochet, impuissant face à ses paroles, avant de laisser mon bras redescendre le long de mon manteau avec un soupir. Tête de mule, c'est comme ça que je l'aime. Et c'est comme ça qu'elle passe au dessus de tout. Quand son entêtement faiblit, comme j'ai pu l'observer au Royaume Enchanté alors que nous pensions voir Blanche bruler sur le bucher, c'est vraiment que ses murailles ont été défaites, et curieusement, ce n'est pas une situation dans laquelle j'aime l'observer. J'ai été là pour elle, et j'ai apprécié que ce soit presque naturellement dans mes bras qu'elle a trouvé à se réfugier en voyant sa mère bruler, mais je la préfère combattive, même si je dois supporter qu'elle m'ignore royalement dans ces cas. Je suis patient, et au moins aussi obstiné qu'elle, et si je ne dois profiter que des moments où elle a besoin d’une épaule sur laquelle se reposer, et bien soit.
"Si je ne te connaissais pas mieux, Emma, je dirai que tu es jalouse."
Je lui offre un sourire avant de passer mes doigts sur mon oreille avec un regard en coin lorsqu'elle se rapproche de moi, avant de laisser mon regard se perdre dans le sien un instant.
"Nan. Tu sais quoi? J'ai passé l'année dernière à essayer de redevenir ce genre de type, mais j'ai pas été foutu d'obtenir un résultat quelconque... J'ai même passé six mois à ruminer mes remords envers Ariel après avoir pensé avoir causé la mort de son prince. Et pourtant, je peux te dire ici et maintenant que je n'éprouve pas plus de remord à avoir ramener cette femme avec nous que je n'en aurait eu à lui planter mon crochet dans la gorge. Tu l'as sauvée, et t'as sauvé le passé, le présent et probablement le futur en prime. Laisse un peu retomber la pression, et le futur se soigner tout seul, par la même occasion."

Jalouse ? Moi ? Non mais il m’a bien regardée là ? Jalouse de ces filles qui passent un soir dans son lit, sans jamais avoir l’occasion d’y revenir, parce qu’il sera trop bourré pour se rappeler le lendemain ne serait-ce que le prénom de cette fille ? N’importe quoi. Je vaux largement mieux que ça, largement mieux qu’une fille de passage. Néanmoins, ces petites mimiques, ce sourire… Non, Emma, ça suffit, ne te laisse pas aller. Tu ne pourras pas le gérer. Tu ne pourras pas le gérer.
- Je suis la sauveuse, pirate. C’est mon boulot de sauver le monde. C’est mon boulot d’être torturée et de ne pas arriver à oublier que mes actes ont des conséquences sur le présent, le futur, et maintenant même le passé. J’suis pas certaine d’arriver à encaisser tout ça.
Je veux qu’il me laisse. Je veux qu’il me laisse. Mais en même temps, je veux qu’il reste là et qu’on traverse ça ensemble. Je sais qu’au fond, il n’a pas tort, que je devrais laisser les choses aller seules, oublier deux secondes mon rôle…
- Me laisser aller, hein ?
Mon regard plonge dans le sien, alors qu’une fois de plus je réalise ce qu’il a abandonné pour moi, pour me sauver, pour venir dans ce monde et tenter de rétablir un semblant d’ordre. Pour moi. Il a abandonné la mer, la piraterie, l’unique chose à laquelle il tenait : son bateau. Ma main se tend pour agripper son col et l’attirer jusqu’à moi, unissant nos lèvre pendant un baiser trop court et trop long à la fois avant de le repousser et de m’éloigner de lui, incapable de savoir ce que je veux vraiment.
- Je ne sais pas où j’en suis, Killian. Il s’est passé trop de choses pour que je puisse tout encaisser et continuer ma vie comme si de rien n’était.

Je ne réalise pas vraiment qu'elle s'est rapprochée à ce point quand elle empoigne le col de mon manteau pour m'attirer vers elle, et je réponds à son baiser sans hésiter. Bien que j'aurai souhaité qu'il n'ai jamais de fin, je la laisse ensuite s'éloigner, passant deux doigts sur mes lèvres avec un sourire. Même si parfois j'ai l'impression de n'être pour elle qu'un moyen d'évacuer son trop-plein d'émotions, je dirai que j'accepte ce rôle, tant qu'il me permet de rester près d'elle.
"Sauveuse, pirate. Tu réduis les choses à bien moins qu'elles ne sont en vérité. Il est facile de dire que la Sauveuse doit protéger la ville, ou rendre des comptes de ses actes, mais qu'en est-il d'Emma Swan? Je n'ai aucun mal à séparer Killian Jones du Capitaine Crochet, apprend à faire la même de ton coté, tu verras que ça fait pas de mal...
Alors qu'elle s'éloigne, je la rattrape en deux pas rapides, attrapant son bras pour la forcer à se retourner vers moi.
"Ce que je veux dire c'est, laisse la Sauveuse de coté quelques jours. Oublie Regina, Robin et toute cette histoire, oublie moi même si tu le souhaites. Mais penses à toi. Tu en as besoin."

Mes lèvres me brûlent, comme j’ai envie de recommencer, et sa réponse me fait douter, une fois de plus. Est-ce que j’ai réellement le droit de penser à moi, à la personne que je suis, et d’oublier un instant le sort du monde, le sort des créatures sorties tout droit des contes de fée que je côtoie désormais, et que je me fais un devoir de protéger. Est-ce que j’ai réussi à faire quoi que ce soit de positif dans toute cette histoire ? Je n’en sais rien du tout. Je n’ai pas envie de voir comment tout ça tourne. Je… J’ai réellement envie et besoin de me retrouver, mais pour me trouver, est ce que je ne dois pas tenter de concilier toutes ces facettes de ma personnalité, au lieu de ma la jouer schizophrène à tout ranger dans des cases bien distinctes.
- C’est ça la différence entre toi et moi. Tu range chaque facette de ta personnalité dans des cases. Moi, j’essaie de tout vivre d’un seul tenant. Je ne veux pas me retrouver face à des morceaux de moi.
Son bras sur le mien… J’ai envie de me jeter dans ses bras. J’ai envie de m’y blottir et de ne plus jamais bouger. Mais, je sais ne pas pouvoir. Je sais qu’il m’est impossible de sombrer dans cette seconde de bien être sans qu’il y ait des conséquences bien trop grandes pour moi, pour lui… Je ne suis pas certaine de vouloir créer un ‘nous’, parce que je ne suis pas certaine d’arriver à supporter s’il me laissait tomber comme une vieille chaussette.
- Si je ne suis pas capable de gérer ma propre vie, comment est-ce que je pourrais arriver à protéger ces gens ? Comment est-ce que je pourrais songer à partager ma vie avec quelqu’un ?
Ces derniers mots sont pour lui, bien sûr, car il est à l’heure actuelle le mieux placé pour occuper ce poste, même si je me refuserai à avouer ça à haute voix. J’ai peur de me laisser aller face à lui, j’ai peur de ne pas arriver à lui rendre les sentiments qu’il me porte. Mon douloureux passé m’a appris une chose : je ne dois pas m’attacher à quiconque. Mon fils est le seul à avoir cette place spéciale dans mon cœur, le premier depuis Neal. Même mes parents n’ont pas le droit d’avoir accès à mon cœur, pas encore, même si je fais des efforts chaque jour pour tenter de les accepter.

"Je te l'ai dit au Royaume Enchanté. Tu n'aurais pas aimé cet homme là. Chacun sa croix à porter. J'ai juste appris à utiliser la mienne quand j'en ai besoin, parce que je préfère catégoriser le bon et le mauvais plutôt que tergiverser deux heures sur la meilleure décision à prendre."
Enfin, s'il ne s'agit que de croix à porter, j'accepte volontiers de l'aider à porter la sienne. Et ce même s'il me faut batailler pour qu'elle m'accepte à ses cotés. Après tout, j'ai l'habitude.
Moi qui avait baissé le regard sur ma main posée sur son bras, surpris qu'elle ne s'en soit pas encore dégagée, je relève les yeux vers son visage aux derniers mots qu'elle prononce, remarquant aisément que ce n'est pas qu'une vue de mon esprit de m'en sentir destinataire. Je sais être stupide d'attendre sur quelque chose qui ne se fera peut-être jamais, mais même mis face à cette vérité tout à fait probable, je ne la laisserais pas tomber.
"Bae...Neal. Tu te sens responsable de n'avoir pas pu le sauver, n'est-ce pas? Rumple lui-même n'a rien pu faire, et dieu sait qu'il en aurait fait bien plus que nous tous réunis pour lui. Les actes de Zelena ne sont pas les tiens, ok? De toute façon, vis à vis d'elle, celui qui a le plus à se reprocher, c'est moi."
Je lâche son bras avant de me détourner, m'installant à mon tour au bord du puits pour regarder un rai de lumière se refléter sur l'eau sombre qui se trouve dans le fond. Si il y en a bien un qui a merdé dans cette affaire, c'est moi. Moi et ma foutue fierté, qui juge être capable de se démerder tout seul avec ses propres problèmes sans se soucier de l'implication que les autres y ont. Certainement que Emma et le reste de la petite bande auraient mieux bossé que moi sur le dilemme que j'ai eu à affronter. Sauf que cela aurait donné qu'elle s'inquiète également pour moi, même si elle l'aurait nié haut et clair, et elle a déjà bien assez à penser sans se soucier de moi.

Je n’aurais pas aimé cet homme-là… Qu’est ce qu’il en sait, hein ? Qu’est ce qu’il sait de moi, de mes sentiments et de ce que je peux ressentir ? Pas grand-chose… Rien, même. Alors… alors… Comment peut-il juger, hein ? Notre relation est fait d’échanges professionnels entrecoupés de cette attirance que nous ressentons l’un pour l’autre. Pourtant, a chaque de ses paroles, je ressens comme un coup de poignard dans mon ventre, tant il a raison, tant il sait où frapper. Non, il est impossible pour moi d’endurer ça. Neal… Je l’ai aimé. J’ai passé onze ans à essayer de les oublier, lui et Henry, et finalement tout m’est retombé dessus. Je ne sais pas si j’arriverai à surmonter sa perte, même si cette fois je la sais définitive. On ne ramène pas les morts à la vie, j’ai pu le voir lorsque Regina a tout tenté pour Daniel. Mais, quelque part, une parcelle de mon être ne peut qu’espérer que, comme les sorts de Zelina, celui-ci soit levé, quelque part, tout en sachant parfaitement que ce n’est pas un sort de la sorcière de l’ouest, mais le prix à payer pour ramener le ténébreux.

Killian s’éloigne, cependant, me renvoyant cette fois à ce qu’il a fait pour tenter de protéger Henry, pour tenter de protéger mes pouvoirs et l’espoir d’arriver à détruire Zelina… Il s’est renfermé sur lui-même, oubliant qu’on était une équipe et préférant gérer ses soucis seul, dans son coin. Comme il l’a toujours fait, en fait, et certainement comme je l’aurais fait moi-même. Je lui en veux toujours, d’une certaine manière, mais je peux comprendre ce qu’il s’est passé dans sa tête. Cette fois, c’est moi qui m’avance vers lui, glisse mon bras sous le sien avant de simplement poser ma tête sur son épaule. Je sais avoir besoin de lui, je sais qu’il pourrait m’aider. Je ne suis juste pas prête à le lui dire, et il devra se contenter, comme moi d’ailleurs, de ces brefs moments où je laisse le calme envahir mon esprit pour tenter de créer quelque chose d’autre que cette relation en dent de scie que nous avons. Je sais qu’il sait qu’à la seconde où nous ne serons plus seuls, qu’à la seconde où autre chose viendra envahir mon esprit, je lui tournerai à nouveau le dos pour m’occuper des problèmes que je jugerai plus importants que ma vie amoureuse.

- Ne mets plus jamais mon fils en danger. Jamais.

Je ne sens pas la menace très crédible, blottie contre lui comme ça. Pas du tout même. Qui pourrait me le reprocher, cependant ?

La sentir se serrer contre moi, un bras passé autour du mien et la tête sur mon épaule, me fait sortir de mes pensées, et par la même détourner le regard de l'eau sombre du puits pour la regarder en coin, autant que me le permet ma position.
"J'aime bien ton fils, et ça n'a strictement rien à voir avec toi. Je ne le mettrais pas en danger volontairement, j'espère que tu le sais."
Même si rien que ma proximité suffit à le mettre en danger, aussi bien lui que sa mère, que quiconque à Storybrooke d'ailleurs. Ce fut Liam, puis Milah, et Bae, et même la quasi totalité de mon équipage, à l'exception notable de Mouche, sauvé par sa lâcheté, et sincèrement, je ne tiens pas à ce que cela se poursuive avec qui que ce soit avec qui je m'entende à peu près ici.
Je soupire en me débarrassant de l'expression peu engageante qui s'installe petit à petit sur mon visage au fur et à mesure de mes pensées et lui sourit de nouveau, ne tenant pas à foutre en l'air une occasion de la sentir si proche de moi par de mauvaises pensées, même si, à vrai dire, je pense que la question ne va pas tarder à en tomber, incapable que je suis de lui dissimuler quoi que ce soit (et pourtant, bon sang, je sais mentir, et bien même).
"Et ta magie? Tu la contrôle un peu mieux ou c'est toujours aussi ... instinctif?"
J'évite de justesse le sujet qui fâche, ou Regina, bien que je pense m'être aventuré sur une piste très savonneuse en m'en approchant d'aussi près. A vrai dire, j'avais besoin d'un changement de sujet afin de m'éloigner de mes doutes, et je n'ai pas vraiment réfléchi aux conséquences de mes paroles avant de les prononcer.

Je comprends parfaitement ce qu’il me dit, et au fond de moi, quelque chose me pousse à le croire. Je sais qu’il a voulu protéger Henry, alors que celui-ci ne se rappelait plus qui il était, tout comme je réalise que, même amnésique, mon fils appréciait tellement passer du temps avec ce foutu pirate qu’une rivalité s’est créée entre mon père et lui pour savoir avec lequel des deux il s’amuserait le plus. Rivalité qui a poussé David à apprendre à Henry à conduire une voiture, démolissant par la même une partie de la ville. Les hommes…

Je préfère ne rien répondre, cependant, comme je ne suis pas certaine des paroles qui passeraient le bout de ma bouche. Killian est capable de me faire dire les meilleures choses comme les pires, et sa proximité est pour moi à la fois une douleur permanente et une tentation. J’ai encore le goût de ses lèvres sur les miennes en tête, et l’envie de croquer à la pomme de la tentation est grande. Cependant, je n’ai pas envie de le faire souffrir, et encore moins de lui donner de faux espoirs : je ne sais pas si un jour je serais capable de l’aimer entièrement, sans faire marche arrière au bout de quelques minutes ou quelques heures. Cette relation agit comme une drogue sur moi, sans que je ne sache pourtant y succomber totalement, préférant la cure de désintoxication bien trop régulière.

- Ma magie elle… va et vient. Je n’ai jamais osé aller voir Regina pour avoir une nouvelle leçon depuis que nous sommes revenus du passé. Alors, je ne sais pas… Je n’ai pas osé l’utiliser depuis.

Ma magie est un sujet épineux, et je ne suis pas certaine de vouloir en discuter. Cependant, Killian est peut être la seule personne à pouvoir réellement passer outre les nombreuses barrières que je mets entre moi et les autres. D’un autre côté, c’est un pirate, du genre à faire tout ce qu’il veut comme il le veut et quand il le veut. C’est ce que j’aime réellement chez lui : ce besoin de liberté, cette façon qu’il a de prendre sa liberté partout où il va… J’aimerai pouvoir m’affirmer comme ça…

Je lui offre un sourire compréhensif avant de libérer mon bras du sien pour le passer autour de ses épaules, ma main serrant son bras opposé. Sans doute va-t-elle se dégager et fuir comme à son habitude, mais je sens le trouble qui la hante à repenser à Regina et notre retour du passé, et j'ose espérer qu'elle comprenne ma sollicitude pour ce qu'elle est, et non pas comme une tentative de me rapprocher davantage qu'elle ne m'a laissé m'approcher pour aujourd'hui.
"Ne te sens pas responsable d'avoir sauvé une vie. Et si faute il doit y avoir, la plus grande fut la mienne. Tu es la Sauveuse, c'est ton job de sauver tout ce qui peut l'être. J'aurai pu t'en empêcher, je l'aurai peut-être du, en fait. Et ne crois pas que je te dit ça pour te faire plaisir."
Je suis sur le fil du rasoir, à n'en pas douter, mais à vrai dire, le fil du rasoir est ce qui a toujours composé ma vie. De temps en temps, je chute du mauvais coté, mais je m'en relève toujours, même si je ne dirai pas que cela soit toujours en bon état.
"Puis, entre nous, je dirai que nous avons suffisamment bien rétabli le passé pour nous permettre un impair. Si on avait pas arrangé les choses, tu ne serais pas là, et Henry non plus. Elle aurait perdu davantage que "devoir recoller les morceaux avec Robin", si tu veux mon avis... D'autant plus que sa vengeance obtenue, qu'aurait été sa vie après? J'y songe parfois, tu sais. Et si j'avais eu la peau du Crocodile, et était reparti aussi sec. Qu'aurais-je fait après? Les quelques réponses qui s'offrent à moi ne sont pas glorieuses, et crois moi, pirate ou reine, la vengeance est la vengeance. Il n'y a plus de raison d'exister une fois qu'on l'a obtenue."
Regina est peut-être aussi têtue que la moyenne des habitants de cette ville, mais elle le sait aussi bien que moi. Pour Henry, elle a su faire l'impasse sur son désir de tuer Blanche comme j'ai su faire l’impasse sur Rumple quand nous nous sommes retrouvés face à Peter Pan - je ne suis pas complètement fou, pas au point de me mettre à dos, en même temps, ET Peter ET Rumple... -, et s'il est évident que cette nouvelle épreuve ne lui plait pas, nul doute qu'elle saura la surmonter, d'un sens ou de l'autre. Concernant Robin, et bien, je ne désirerais pour rien au monde me trouver à sa place. Voir le passé débarquer dans le présent que l'on parvient enfin à se rebâtir, je ne le souhaiterais pas à mon ennemi...quoique, en fait si. Et non, je ne m'appelle ni Blanche-Neige, ni David, et imaginer mes ennemis dans des galères dans lesquelles je ne compte pas me retrouver ne me dérange absolument pas.
"Sincèrement? Je pensais que la fille de Blanche-Neige et du prince charmant croyait un peu plus que ça au véritable amour. Si Clochette disait vrai pour ces deux là - et je n'ai jamais vu la fée se tromper - ils sauront se retrouver. J'pense que le nombre de fois où elle a du essayer de séparer tes parents en est une preuve irréfutable pour elle."
Et j'peux vous dire que bavard comme est David depuis la naissance de son morveux - comme si le gosse comprenait un traitre mot de ce que son paternel lui chante - je connais par cœur ou presque la fameuse histoire de "Blanche Neige et le prince charmant" et n'ai donc aucun mal à savoir que Regina a tenté de nombreuses fois de les séparer...et de les tuer, accessoirement...

Un rictus déforme mes traits à la réponse de Killian, mais pourtant, je ne m’éloigne pas. Au fond, peut être que j’ai ce besoin d’être là et de tenter de préserver cet ilot de calme au milieu de la tempête qui habite mon cœur, comme je ne sais pas réellement combien de temps ça va durer. Je ne veux pas me retrouver demain face à des choses qui sortiraient du fin fond du tréfonds du mal, sans avoir réellement eu l’occasion de reposer mon cœur et mon esprit.

- Le jour où tu feras quoi que ce soit pour faire plaisir à quelqu’un n’est pas encore arrivé, je pense.

Je suis amère, et pourtant je sais que je n’ai pas à l’être. J’ai besoin de lui, et même si j’ai envie de lui mettre une claque ou deux, voir trois, je ne le ferais pas. Ici, il est peut être le seul homme… non, la seule personne sur qui je peux compter à l’heure actuelle. Mes parents, Henry… Tous sont bien trop pleins d’idéaux pour qu’il soit facile pour moi de leur confier quoi que ce soit. Mary-Margaret se contenterait de me dire d’avoir foi, que tout ira bien. David se rangerait à son avis, et mon fils… He bien, il est retourné vivre avec Regina, alors je ne le vois plus que rarement. De plus, il n’est pas bon pour une mère de parler de ses ennuis à son fils de douze ans.

- Justement, c’est peut être ça, mon soucis principal. Je ne crois pas aux contes de fée. Je ne crois pas à cette histoire d’amour éternel et d’âme sœur. J’ai eu beau avoir la preuve de mes parents sous les yeux pendant des mois, le voir et le revoir… je n’y crois toujours pas.

Suis-je donc malade ? Il y a eu assez de preuve, et l’existence de mes pouvoirs devrait suffire. Mais, non, ça ne me suffit pas. Rien ne saurait me suffire pour croire réellement, et même m’être rendue dans la forêt enchantée n’a pas été un déclencheur assez puissant pour que je puisse accepter d’entendre raison sur toute cette histoire.

"Me faire plaisir à moi-même m'est déjà bien suffisant. Si j'commence à faire plaisir aux autres, j'ai pas fini ma journée."
Je tente de placer une touche de sarcasme dans mes paroles, mais à vrai dire, je me demande si elle a vraiment tord. Qu'ai-je fait récemment qui ne consiste pas à mon propre intérêt? Retourner à Neverland, sans doute, et placer en stand-by ma future voile en peau de crocodile. Bah, au moins, on ne peux pas sincèrement dire que je lui lèche les bottes à longueur de journée. Avoir sauvé David à Neverland? J'finis par apprécier ce type, quelque part, il me rappelle un peu Liam..aussi entêté et bordé de principes que lui. M'être occupé de Henry après la mort de Neal? J'ai tendance à espérer me rattraper avec le fils après avoir totalement foiré avec le père, et j'avais besoin d'une oreille pour m'écouter ressasser notre passé commun. Aucune bon sang de volonté de faire plaisir à qui que ce soit.
"L'ennui, avec tes parents, c'est qu'ils en sont une preuve bien trop flagrante. Sérieusement, j'ose penser que je n'ai plus de preuves à apporter sur les sentiments que je ressens encore aujourd'hui pour Milah, et pourtant, je peux te dire que le Jolly Roger a plus d'une fois souffert de nos prises de becs. Comment est-ce qu'ils peuvent supporter d'être toujours d'accord comme ça à longueur de journée?! C'est inhumain."

Un sourire amusé monte à mes lèvres, comme je vois un double sens à sa phrase qu’il n’a certainement pas voulu mettre. Je m’éloigne un peu de lui, posant mon regard sur son visage, et je secoue la tête.

- Voilà pourquoi tu dois changer de fille chaque nuit. Tu t’y prends comme un pied.

Dédramatiser la situation. Changer de sujet. Voilà ce qui m’intéresse là. Je n’ai vraiment pas envie de parler de magie, du passé que nous avons changé mais sauvé, et encore moins de cette histoire d’amour éternel, parce que j’ai l’impression que c’est ce qui m’arrive. J’ai passé dix ans à oublier Neal, pour qu’au final il me retombe dessus comme ça, et à la seconde où j’ai rencontré Killian… quelque chose s’est passé. Sérieusement, oubliez-moi un peu. Je n’avais jamais demandé à me retrouver au milieu d’un triangle amoureux. Jamais. Ce n’est pas censé arriver que dans les films à l’eau de rose ça ? Non, il a fallu, encore une fois, que ça tombe sur moi.

- Mes parents sont… effrayants, oui. Tout semble toujours si rose, si doux avec eux. Je ne veux pas d’une vie comme ça. J’ai besoin d’un peu plus, j’ai besoin de disputes, de réconciliations sur l’oreiller. Mais je ne le dirais pas à haute voix de peur que ce pirate prenne ça comme une invitation. de choses qui me permettent de construire une relation. J’ai l’impression que mes parents se basent sur le fait qu’ils s’aiment pour tout justifier… Comme ci… Comme si tout allait s’arranger à cause d’un simple ‘je t’aime’.

Oui, pour le coup, j’étais tout à fait d’accord avec Killian sur le fait que c’était totalement inhumain. Je ne pourrais jamais supporter d’avoir une relation aussi fade et sans heurts. Je suis vraiment désolée, papa, maman, mais c’est ce que je pense. Répéter en boucle que tout ira pour le mieux dans le meilleur du monde n’est clairement pas la façon de faire avances les choses.

- Si jamais je dois me mettre avec quelqu'un, je ne veux pas de cette relation plate. Jamais.

"Ouais, sans doute."

Changer de fille tous les soirs... si tu savais. Franchement, c'est pas le nombre de mes conquêtes depuis que j'ai débarqué à Storybrooke, je dirai même que la mer est plus que trop calme de ce coté là. M'enfin, je préfère ne pas partir sur ce sujet, imaginant déjà Emma lever les yeux aux ciels en trouvant quelque chose à y redire si j'ose m'y aventurer. Qu'elle comprenne elle-même que non, je ne me suis pas envoyé la moitié des femmes de la ville, j'vais pas lui offrir un dico. Me rappelant de sa capacité à déceler mes mensonges, je me détourne d'elle le temps que je juge nécessaire à changer de sujet avant de revenir vers elle, amusé de sa réponse au sujet de ses parents. Bon, le sujet n'est pas des plus drôles, surtout quand je vos la conversation dériver vers sa propre histoire, mais je suis tout de même content de voir que je ne suis pas le seul à trouver que David et Blanche sont juste... effrayants, ouais, comme elle le dit.

"Pardon mais, t'as trouvé le mot ouais, ils font peur. Sérieux, vive l'ennui et la routine chiante si y a pas une prise de gueule de temps en temps... Et là dessus j'ai pas à m'inquiéter, je ne connais personne avec qui j'me prend pas la tête de temps en temps... surtout depuis que j'ai débarqué ici en fait. [...] Bah, aller, quoiqu'tu fasse, t'aura toujours ton pirate préféré avec qui te prendre la tête, c'pas beau ça?"

En vérité, je ne peux nier que j'aimerais assez qu'elle finisse par le trouver avec moi, son happy ending. Et vive les engueulades s'il le faut, elle et moi on est plutôt doués sur le sujet. Cependant, j'irai pas la trainer de force si elle se trouve quelqu'un d'autre qui vaille la peine. Je ne serais heureux qu'avec elle, mais je la préfère heureuse avec un autre que malheureuse avec moi... du moment qu'elle ne me claque pas complètement la porte dans le dos et qu'on puisse profiter longtemps de ces conversations ayant en moyenne 80% de chances de finir par une prise de tête bien sentie.

Oui, mes parents font peur. Je n’arrive vraiment pas à les comprendre. On vit dans le monde réel, maintenant. Et, dans ce monde réel, j’ai le même âge que ma mère, à peu de choses près. Alors, ouais, ça fout les boules. Je n’ai pas eu de parents de toute ma vie, et toutes les relations que j’ai vues étaient… Pleines de hauts et de bas. Eux, c’est comme si simplement… comme s’ils avaient vécu toutes les aventures à vivre avant de se mettre ensemble, et que maintenant, tout était rose barbie. Non, vraiment, ce n’est pas pour moi.

- T’as pas à t’inquiéter, je vais pas le prendre mal… Je le dis moi-même, c’est que d’autres peuvent le penser. En fait, ça me rassure presque de pas être la seule…

Un sourire monte à mes lèvres, et je reste là, la tête collée contre l’épaule du pirate, en me demandant bien ce que peut me réserver l’avenir. Je sais très bien qu’à la seconde où nous reviendrons à la civilisation, je recommencerai à être dure avec lui, parce que je ne sais pas comment agir vis-à-vis de lui. C’est plus facile quand nous sommes ici, tous les deux, sans aucun témoin. Ici, je peux être moi-même sans le regard oppressant d’Henry, de Regina, ou de mes parents.

- Je n’irais pas jusqu’à dire que tu es mon pirate préféré… T’es en concurrence avec Pirate des Caraïbes quand même. Et, la version qu’on connait de toi ici est… très limite. Je te monterai le dessin animé un jour… je pense que tu ne tiendras pas cinq minutes avant d’éteindre la télé.

Ha ça, pour sûr que son égo surdimensionné allait en prendre un coup. Un sourire retrouvé sur mes lèvres, je me mets à rêver un instant durant de ce que tous appellent ici ‘happy ending’. Est-ce que Killian serait celui qui m’apporterait ça ? Je n’en sais rien. Je ne peux vraiment pas le dire. Je sais juste avoir ce besoin inégalé de passer du temps avec lui, bien plus qu’avec Neal à l’époque. Un soupire monte à ma poitrine, et je prends quelques secondes pour réfléchir.

- Tu ressentais quoi pour Milah ?

Question étrange, surtout pour moi. Est-ce que je suis en train d’essayer de comparer les sentiments que j’ai pour Killian avec ceux que lui pouvait avoir pour son ex-femme ? Peut être… Totalement. Parce que j’ai besoin d’être rassurée. Alors, je relâche ce bras sur lequel j’avais posé ma tête, et je m’éloigne de quelques pas, un peu perdue. Toujours plus perdue.

"C'est qui ce "pirate des caraïbes"? J'ai envoyé Barbe-Noire par le fond pour mon navire l'an passé, j'peux réitérer l'exploit pour toi, tu le sais ça? Et ... concernant ce dessin animé, Henry m'en a vaguement parlé également... comment ça se fait que ce soit le crocodile le gentil dans l'histoire? Nan mais sans déconner..."

Ok, pour tout avouer, si "Rumple gentil de l'histoire", je ne risque pas de l'avaler de sitôt, j'aurai été ravi de compter comme le méchant il y a encore quelques années de ça... même si il faudra m'expliquer que Peter Pan compte comme le gentil... Étrange monde que celui dans lequel je me retrouve aujourd'hui.

"Enfin, Henry m'a rapidement résumé la moitié des contes ayant leurs équivalents dans cette ville, mais, pour tout te dire... ton fils est cruellement peu talentueux pour résumer une histoire. Il part à droit et à gauche, j'en arrivais à ne plus me rappeler de qui il parlait."

Néanmoins, même si j'ai d'abord tenté de le reprendre un peu afin qu'il ne me perde pas totalement, j'ai fini par le laisser continuer sur sa lancée malgré le fait que je ne comprenais pas grand chose à ce qu'il me racontait. Quelque part, je l'aime bien ce gosse, et pas parce qu'il est le fils d'Emma, ou encore qu'il me rappelle tant son père. Parlant de Bae, Emma me prend totalement de cours en me posant cette question que je n'avais absolument pas vu venir, concernant Milah.

" Le premier sentiment qui me vient quand j'y pense reste la douleur que j'ai ressentie le jour où je l'ai perdue. Sinon, je ne saurais dire. Je l'aimais tout simplement. Ce qu'elle était, ce qu'elle faisait, ce talent qu'elle avait de me reprendre quand je tentais d'enjoliver un récit ou un autre... je crois que même nos prises de tête, j'les aimais bien au final. Ouais... j'vais te dire, quand tu passe ta vie avec un équipage t'obéissant comme au capitaine que j'étais, ça fait pas de mal quelqu'un qui te rue dans les brancards parfois."

C'est un brin nostalgique que je me perd dans mes pensées, à cette époque lointaine où tout m'étais si facile. Si je voulais quelque chose, je n'avais qu'à le prendre, c'est ce que les pirates font après tout. Enfin, si tout s'était passé comme je l'avais entendu, il y a bien longtemps que je ne serais plus de ce monde... mais entre une vie courte mais heureuse, et la famille que j'estimais mériter - car oui, si les choses avaient eu une fin différente, nul doute que nous aurions été chercher Bae par la suite -, et une existence bien plus longue rythmée par mon désir de vengeance envers Rumple et les tentatives toutes plus désespérées les unes que les autres de quitter Neverland, personne n'aurait hésité bien longtemps.
Au bout d'un moment, je me rappelle de la présence de Emma à coté de moi et je finis par me rapprocher d'un pas, triturant mon crochet comme un geste nerveux.

" Enfin bref. Et toi, avec Neal? Tu crois que ça aurait pu marcher de nouveau tous les deux?"

Je n'aime pas parler de mon passé, et pourtant, je me suis - difficilement - prêté à l'exercice. Chacun son tour, j'ai envie de dire. Et puis, je suis curieux. J'avais dit à Neal que je leur fichais la paix, du moins, tant qu'il n'était pas clair et entendu qu'il avait dépensé ses dernières cartouches, - pour Henry, qui méritait la chance qu'aucun de nous n'a eu, avoir ses deux parents sous la main -, seulement, on aura pas eu le loisir de connaitre le fin mot de cette histoire. Maudite sorcière, maudit Rumple, maudit ... toute cette merde.

- Johnny Deep. Crois-moi, tu ne peux pas rivaliser avec lui. Jamais. Et, pitié, dis-moi qu’il n’est pas réel lui aussi… Ou alors, je pars emménager dans votre forêt enchantée, et je me tape les deux héros. Plusieurs fois.

Sarcasme, quand tu me tiens. Je souris à l’évocation d’Henry racontant les conte de fée en version monde réel au pirate sorti du monde des contes de fées. Ouais, ça a dû être bien amusant à voir. Enfin, rien ne vaut les DVD que j’ai à New York. Pour ça, il faudrait remonter là-bas… De toute façon, je dois aller récupérer quelques affaires pour emménager définitivement ici. Je repousse ce moment depuis que je suis arrivée à la conclusion que je suis chez moi ici, cependant, sans arriver à comprendre pourquoi. Je sais qu’Henry restera là, et qu’il ne viendra pas avec moi. J’ai besoin de faire cette étape seule. Mais, d’un autre côté. Killian serait-il un bon compagnon de voyage ? On ne sait jamais, des fois que je me trouve un nouveau petit ami qui se change en singe … Ou pire.

Et puis, une question étrange passe les limites de ma bouche, et je ne sais réellement quoi faire de plus, alors une fois encore je me retrouve murée comme une huitre, incapable d’accepter croiser le regard de Killian. Pas après le mal que j’y ai lu à la seconde où le nom de son ex a passé mes lèvres. La réponse, et ce cœur à nu qu’il m’offre me fait plus mal qu’autre chose, car je sais qu’il a du mal, je l’entends dans l’intonation de sa voix. Et, pour le coup, j’ai mal pour lui, mal de le savoir mal, parce qu’il a perdu quelqu’un qui comptait autant. Est-ce que je peux en dire autant de Neal ? Je ne sais pas. Je ne sais pas où j’en suis. La perte récente de l’homme qui m’a mise enceinte, qui a fui, et qui a fini par me retrouver….

- Non.

C’est un peu définitif, pourtant, c’est exactement ce que je ressens. Maintenant, il faut mettre des mots clairs et précis sur ce sentiment qui m’habite.

- J’ai aimé Neal de tout mon cœur. Mais, j’avais dix-huit ans à l’époque. Il m’a mise enceinte pendant qu’on était en cavale, il m’a envoyée en prison… Tout ça a été une aventure, mais elle s’est terminée. Par sa fuite et sa trahison. Alors, oui, quand je l’ai revu, j’ai eu l’impression de l’aimer encore, et peut être que pour Henry j’aurais essayé mais… Je n’aimais que le souvenir de cette histoire d’amour, comme toute fille restera toujours amoureuse de son premier amour, d’une certaine manière.

J’aimais un souvenir. Et puis, il y a autre chose, depuis que j’avais rencontré ce pirate, il y a une autre chose dans mon cœur, chose que j’ai peur d’avouer à haute voix. Pourtant, oui, depuis que j’ai compris qu’il est le capitaine crochet, et qu’il est loin d’avoir des favoris ridicules, il y a quelqu’un dans la course pour mon cœur, et je sais quand mon regard croise le sien que ce serait très certainement réciproque. Alors, pourquoi ne pas tenter ? Henry serait ravi d’avoir un tel beau-père. Même amnésique, il adorait Killian. La véritable question, et celle qu’il m’a déjà posée, serait plus ‘est ce que je serais capable d’encaisser tout ça et d’accepter mes sentiments ? ‘

Je n’ai pas la réponse à cette question, et je ne sais pas si j’ai envie de la découvrir. Si c’était non… Alors peut être que je ne saurais pas l'encaisser. Certainement, même. Mais, oui, il y a quelque chose chez Killian qui sait me faire vibrer, bien plus que je n’ai jamais vibré avec Neal. Parce qu’il est un roc qui ne change pas, toujours présent à mon côté.

"Johnny Depp? Pas un nom de chez nous ça."

Comme si "Killian Jones" c'était beaucoup plus commun dans le Royaume Enchanté... Blanche-Neige, Mulan et autres Peter Pan, ouais, m'enfin, j'vais pas discuter là dessus pendant trois heures.

"Pas besoin d'essayer de rivaliser avec un type qu'est pas là... et évite de dire ça devant tes parents, rien que pour te convaincre de repartir là-bas ils te feraient croire que ce mec existe."

Concernant Neal, je ne m’attendais pas à une réponse aussi définitive de sa part, et je me retiens de peu de laisser s'échapper le sourire qui n'attend que de me monter aux lèvres, et la suite de ses paroles me tire un sourire compréhensif, me faisant me rapprocher pour passer un bras autour de ses épaules.

"C'est pas évident. De se remettre avec quelqu'un qui nous a trahi. On ne peux pas ne pas penser que cela pourrait arriver de nouveau. Quand la confiance est brisée, difficile de la récupérer. [...] Enfin, je connais quelqu'un m'ayant menotté rien que trois fois et ça m'a pas servi de leçon, tu crois que j'suis trop gentil ou cruellement naïf?"

On ne parle bien sur pas de la même confiance. Je crois qu'elle me piègerait encore quinze ou vingt fois, je reviendrais toujours vers elle... la vingt-et-unième fois en revanche, elle peut courir, je serais loin...faites pas cette tête là, j'ai un minimum de fierté personnelle. Bon, l'idée, là, était surtout de détendre un peu l'atmosphère. Je n'aime pas parler de mon passé, elle n'aime pas parler du sien, parlons d'autre chose.

" Tu m'accompagnerais jusqu'au port? Je suis à peu près persona non grata chez Granny quand tes parents s'y trouvent, et encore plus quand tu t'y trouve et eux avec, donc, j'me suis fait, comment dire, une petite réserve bien dissimulée dans le hangar à bateaux... et j'ai cruellement besoin d'un verre."

Cette conversation me fait mal, et c’est avec plaisir que j’accepte le bras que Killian pose autour de mes épaules. Un sourire triste monte à mes lèvres, et je ferme les yeux en l’écoutant parler. Je secoue doucement la tête avant de me tourner vers lui, amusée cette fois. Je ne sais pas comment faire ni d’où il sort réellement, mais j’apprécie sa présence à mon côté.

- Ou alors, il faut être sacrément…

Je me tais avant de prononcer le mot qui me brûle les lèvres. Naif et gentil sont loin d’être la définition que j’aurais utilisée pour Killian. Au fond de moi, je sais que dès l’instant où mon regard a croisé le sien, il y a eu quelque chose d’étrange. Et puis, tout s’est enchainé, trop vite pour que je comprenne comment et pourquoi. Alors, voilà. Je suis là maintenant. Et je ne sais pas ce que je veux de lui, de nous.

- Tu n’es persona non grata que parce que tu laisses les gens te mettre persona non grata. Si tu étais un peu plus gentil, peut être que tu réussiras à te trouver ta place ici. Henry t’adore, je suis certaine que d’autres pourraient découvrir ton bon côté.

Je n’ai pas encore répondu à sa question, cependant. L’accompagner au port pour aller dans… sa garçonnière. Ouais, il n’y a pas d’autre mot pour catégoriser ça. Je réfléchis, incapable que je suis d’arriver à me décider. Un soupir monte à ma poitrine alors que je réalise combien j’en ai envie, et combien j’en ai peur en même temps. Là-bas, nous serions seuls, encore plus seuls qu’ici, et il n’y aurait personne pour m’empêcher de succomber à l’appel de ces yeux bleus pénétrants et de ce sourire ravageur. Ma main se lève pour aller ébouriffer mes cheveux, et je finis par hocher la tête.

- Allons-y.

Je le suis alors d’un pas lent, et à l’approche des maisons, je laisse un peu plus d’espace que nécessaire entre nous. Je n’ai pas envie qu’on sache ce qui me lie à lui. Du moins, pas tant que je n’aurais pas réussi à comprendre ce qui me lie à lui, en dehors de cette attraction presque animale qui me prend aux tripes alors que je croise son regard.

Deux doigts sur mes lèvres, je lève un sourcil intéressé quand Emma s'apprête à émettre une hypothèse après que j'ai supposé être soit trop gentil soit trop naïf avec elle, mais je n'aurais pas le loisir de connaitre la fin de sa phrase qu'elle embraye sur ma faculté à me rendre moi-même persona non grata chez granny. Mouais, Blanche et David ont tellement peur que j'arrive à me rapprocher de Emma que même si je me montrais hypocrite au possible ils ne me laisseraient toujours pas plus tranquille.

"Je doute que Rumplestiltskin fasse preuve de gentillesse, et pourtant, il a meilleure réputation que moi qui, sans vouloir m'offrir de fleurs, ai su me montrer plus qu'utile à toute cette maudite ville. Fin bref, j'ai pas besoin de leurs bons sentiments. Que tu supportes ma présence et que ton fils m'apprécie me suffisent tu sais... D'ailleurs, quand tu veux que je te le garde à nouveau..."

Non, je ne cherche pas à me faire bien voir. J'aime bien ce gosse, comme je ne le répéterais sans doute jamais assez, et ce même si il s'amuse bien de moi quand il se met en tête de m'expliquer ce qu'est un gps ou encore une console de jeu... et à vrai dire, malgré qu'il me soit impossible d'appuyer sur tous les boutons en même temps avec ma main manquante, d'après lui, il a déjà connu pire comme joueur... ou alors il comptais juste ne pas perdre son adversaire préféré, ou celui qui lui permet le plus facilement de gagner... Quand je pense que j'aurai pu être son grand-père adoptif...j'vais me donner des rides à force.

Emma finissant par accepter de me suivre jusqu'au port, je lui souris avant de me mettre en route, profitant au maximum du temps que nous donne la traversée des bois pour rester près d'elle, absolument pas surpris de l'éloignement qu'elle finis par prendre quand nous nous rapprochons de la ville. Éloignement que je comprends suffisamment pour ne pas chercher à me rapprocher, et c'est un pas derrière elle, proche uniquement par les barrières que nous imposent les murs des maisons d'un coté et les voitures stationnées de l'autre, que je poursuis ma route, traversant la ville jusqu'au port, où je me permet de repasser devant elle pour aller retirer la chaine fermant le hangar à bateaux, chaine dont je n'ai eu aucun mal à me fournir un exemplaire de la clef. Une fois à l'intérieur, je m'assure d'un aller retour jusqu'au fond que nous sommes bien seuls avant de revenir vers elle pour l'embrasser, la main derrière sa nuque, dans ses cheveux. On avait parlé d'un verre, me semble-t-il. Je finis donc par m'écarter avant de m'agenouiller au sol, près de l'eau, pour en remonter une caisse où se trouvent plusieurs bouteilles. Quel meilleur frigo que l'eau froide de l'océan?

Je préfère ne pas relever la phrase de Killian sur Rumplestilskin, et je me laisse convaincre de venir avec lui dans sa demeure, si on peut appeler ça une demeure. Le hangar à bateau de trouve de l’autre côté de la ville, et c’est sans un mot, avec une distance plus que certaine que nous traversons l’endroit. Je ne sais plus quoi dire, et je n’ai plus envie de parler. Je n’ai pas envie que des gens nous voient ensemble, comme je n’ai pas envie non plus qu’on me juge sur cette fréquentation étrange que je semble avoir. Je ne sais pas ce que je ressens pour lui, et je n’ai pas non plus envie de chercher à le savoir. Pas maintenant. Ça viendra, certainement, mais pour le moment j’ai besoin de me concentrer sur autre chose. Sur le présent. Ni le passé, ni le futur, juste le présent. Henry est retourné vivre chez Regina, et moi je me cherche un appartement qui puisse convenir pour vivre ma petite vie bien tranquille. Une fois que j’aurais ça, je commencerai à me poser d’autres questions. L’heure n’est pas venue.

Arrivée au port, je le laisse me guider jusqu’à son hangar à bateau, et en faire le tour, avant de me retrouver collée contre le mur, les lèvres de Killian sur les miennes, partie dans un de ces baisers qui enflamment mon corps tout entier dont il semble avoir le secret. Sa main dans mes cheveux, ls yeux fermés, au fond de moi j’aimerai que ce moment dure un peu plus longtemps, mais le voilà qui s’éloigne pour aller attraper une caisse pleine de bouteilles dans l’eau noirâtre.

- T’as pas un canapé où s’installer ? A moins que tu n’aies les clefs de ces bateaux pour qu’on aille se mettre au chaud et à l’abris des courant d’air…

J’attrape la bouteille qu’il me tend, l’ouvrant pour en avaler une gorgée. L’alcool me brûle la gorge et je fais la grimace. Le rhum qu’il m’avait servi dans l’autre monde était bien meilleur que celui qu’il a trouvé ici.

La caisse à peine arrivée sur le bois du ponton, j'en tire une bouteille que je tend à Emma avant de réfléchir, et en prendre finalement une autre avant de remettre le reste à la flotte. Quand je me relève, c'est pour être accueilli par une grimace de la jeune femme et je ne peux m'empêcher de rire un peu.

"Pour les réclamations, faut t'adresser à Granny. C'est elle qui m'a filé ça. Ça vaux pas c'que je trouvais dans la Forêt Enchantée, mais j'ai connu pire."

Les clefs d'un de ces bateaux? J'ai vraiment la tronche d'un mec ayant besoin de clefs pour m'emparer d'un navire? Ouais, bon, ok, là on parle pas non plus du Black Pearl, on cause d'un voilier tout juste bon à apprendre à naviguer. Sérieusement, où met-on l'équipage sur ces raffiots?!

"Troisième en partant du fond. C'est celui que j'emprunte avec Henry ... les clefs sont sur la porte."

Et oui, pour une fois j'ai rien forcé, les clefs étaient tout stupidement restées sur la porte. Il m'a juste suffit de les récupérer un jour que je passais par là, et vu que je ne les ai jamais vu re-disparaitre alors qu'elles restent dessus la plupart du temps, j'dois dire que le proprio doit pas beaucoup les chercher.
Je la suis donc jusqu'au bateau avant de monter dessus, lui offrant ma main (après avoir calé ma bouteille sous mon bras gauche) pour l'aider à passer du ponton fixe au navire légèrement mouvant - malgré le calme de l'eau dans le hangar, ça bouge toujours un bateau... - même si je doute qu'elle en ai réellement besoin. Quand on abat un dragon, on est rarement vaincu par un voilier à quai...
Je rentre ensuite à l'intérieur avant de poser la bouteille sur la table, retirer mon manteau et m'installer sur la banquette, attrapant ensuite deux verres derrière moi pour les poser sur la table et y verser le contenu de ma bouteille, que j'espère moins apte que l'autre à faire grimacer Emma.

"Tiens, dit moi s'tu préfère cui-là. [...] Veux-tu qu'on aille se perdre en mer ensuite? Ton fils est doué d'un gouvernail, j'devrais pouvoir me battre avec ton entêtement pour faire quelque chose de toi!"

Je m'amuse un peu, mais à vrai dire, ça me plairait bien d'essayer... Avec Henry, c'est donnant donnant ; Il m'apprend quelques (ok, plein ) trucs sur ce monde étrange auquel je tente de m'adapter, je lui apprend à naviguer. Avec Emma... elle m'offre bien plus que je lui en donne, à vrai dire, même si je ne suis pas convaincu qu'elle serait d'accord avec ça.

Un sourire monte à mes lèvres lorsque Killian critique l’alcool qu’il vient juste de me donner. Non, vraiment ce pirate ne semble jamais satisfait de ce qu’on lui donne, il faut toujours qu’il soit en train de râler pour une raison ou pour une autre. On dirait un enfant qui n’a de cesse que de bouder et tempêter juste pour qu’on le remarque.

- Elle te l’a filé ou bien tu l’as pris dans ses réserves sans lui demander son avis ?

Pirate, voleur, dragueur. Ce mec semble avoir tous les défauts du monde, et pourtant je n’arrête pas de me dire qu’au fond, en creusant bien, on devrait pouvoir trouver un type bien. Mais, il va me falloir chercher très au fond, alors. Un soupir monde à ma poitrine et je secoue la tête, avant de revenir au moment présent et de demander à Killian s’il n’y a pas moyen de se mettre au chaud. J’obéis à son injonction et prend sa main pour monter à bord, avant de le suivre dans la cabine et de regarder autour de moi. Je retire mon éternelle veste en cuir rouge et pose mes fesses sur une chaise. J’attrape le verre qu’il me tend et je le porte à mes lèvres, avant de hausser un sourcil.

- Oui, c’est mieux.

La question d’aller se perdre en mer me laisse un peu pantoise, alors que je réfléchis. Ai-je envie d’aller me perdre au milieu de nulle part seule avec lui. Bon, je suis déjà au milieu de nulle part, puisque ce hangar à bateau est fermé et que nous sommes bien cachés dans un bateau vide. Personne ne vient jamais ici, et je ne suis pas très à l’aise. J’aimerai l’être, j’aimerai faire ce que j’ai envie de faire, j’aimerai pouvoir me lâcher mais, encore une fois j’ai encore peur d’être surprise. Même à l’autre bout du monde j’aurais peur que quelqu’un nous tombe dessus au mauvais moment.

- Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. On est bien là, non ?

Je me tortille sur ma chaise, mon verre entre les mains, et je soupire un coup avant de me tourner vers Mon interlocuteur, sans réellement savoir par où commencer. J’ai tellement de choses à lui dire, mais je ne suis pas certaine moi-même de savoir par où commencer, ni même comment tourner ces choses là. Alors, je joue avec le verre, machinalement, en essayant de comprendre ce qu’il se passe dans ma tête quand il est à côté de moi. Bon sang, je me fais l’impression d’avoir douze ans à nouveau et d’être face à mon premier amoureux. C’est pas possible… J’ai trente ans, plus du double…

- Killian…je…

Je crois que je n’y arriverais jamais. Je porte mes doigts à mes lèvres, qui, il y a quelques minutes à peine, étaient unies aux siennes et je lâche un soupir.

- Tu m’accompagneras à New York pour m’aider à régler quelques affaires là bas ?

C’est pas du tout ce que je voulais dire. Mais alors là, pas du tout du tout du tout.